encre de Chine
et poisson rouge
indienne
en anglais
et d'or
c'est de l'hébreu
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encre de Chine
et poisson rouge
indienne
en anglais
et d'or
c'est de l'hébreu
Carrés dans les sables
Dans ces déserts chaque page écrite, comme frappée au coin, devient vibrante et inspirée... mouvante d'objets, d'animaux, de tout ce qu'il y a au monde... au monde de cet Orient
mouvante d'eaux, d'yeux, de portes
mouvante de têtes qui se dressent
qui soufflent, qui se battent, qui parlent
mouvante de barrières
mouvante de mains droites et gauches
mouvante de mains qui s'arment, se serrent et travaillent
de paumes qui se font signe
de mains derrière leur bouclier, en prière
mouvante de louanges
mouvante de linteaux
mouvante du peu d'eau où boivent des chameaux
mouvante de l'eau traversée par les bœufs
mouvante de fondations
mouvante de cuillères
et d'aiguillons
et mouvante de châtiments
et mouvante de singes exhibant leur verge
et mouvante de palais
de broderies
mouvante aussi de chants fervents
et mouvante de tribus
et mouvante de bouches appelant le lait
et mouvante de gorges se formant sous les pieds
et de pénis
et mouvante de profils
et mouvante d'eau retenue
et mouvante de barques prudentes
et mouvante de dents à venir, à se multiplier
et mouvante d'armes tirées des sables
et mouvante d'étendues sans clôtures
et mouvante de mirages comme des vanités
et mouvante de faux prophètes
mouvante d'ennemis débouchant sur les villes
et mouvante de tout ce qui viendra sur l'éternité
dans la maison ou sous d'autres souffles
dit à dessein par l'inventeur des signes pour être sous le même bouclier
récits à méditer
récits de toute sorte
récits à discuter en tous sens
pour les offrir à l'esprit
pour les recevoir comme manne
rouleaux à dérouler en idées
ou pour se résoudre en poésie.
passés les océans, traversés les déserts, comme prise dans le sel d'une mer morte, la langue s'est asséchée
puis passés deux millénaires à tourner maintes fois dans des cavités d'oubli, elle est revenue vivante
détachée des énigmatiques prophéties, mais à présent claquant sur l'actuel - comme un fouet, une détonation de certitude
On parle en disant (et alors on dit des dires)
On rêve des rêves, et alors les prophètes prophétisent, les femmes enfantent des enfants
L'Hébreu craint Yahvé davantage que la redondance
Un mot unique pour le sable et pour le profane, c'est de l'hébreu, on en déduit que le sacré nécessite de la pierre
un Temple, un mur, le plus païen des mégalithes à la porte d'une église
Le destin du sacré serait donc de se dissoudre sous les attaques du temps et des vents ?
Quant à la Pologne, elle s'appelle encore, en hébreu moderne, Polanya, calembour favorisé par la fortuité des analogies : ce mot est, en réalité, une phrase, qui se décompose ainsi : "ici" (po) "demeure" (lan) "Dieu" (ya). Du moins était-ce ce que croyaient les Juifs, car là vivaient leur vie juive, malgré l'antisémitisme ambiant, six millions d'entre eux...
Claude HAGÈGE, Dictionnaire amoureux des langues (article Conduites ludiques),
Plon-Odile Jacob, 2009.
Vu par Jean-Christophe AVERTY, le roi de Pologne
était déjà très à cheval sur l'étymologie.
Jean-Louis ÉZINE nous rappelle que, Théodore MONOD étant naturaliste, il a passé sa vie à donner des noms latins à tout ce qu'il trouvait sous ses chaussures.
À ce titre, MONOD a étudié la végétation de lieux délaissés par ses confrères, comme par exemple le métro parisien.
C'est donc à lui que nous devons la découverte dans les traverses souterraines de nombreuses variétés de prospectus et autres détritus. Il a aussi mis à jour l'invasion d'une sorte de mousse se propageant jusque dans les rames, le sacapus.
Il a aussi patiemment examiné les désastreux effets du capharnaüm sur toute l'Île de France, principalement les jours de grève.
On voit par là - comme dirait ÉZINE - que MONOD ne rechignait pas non plus à distribuer à ses trouvailles des noms hébreux.
C'était décidément un grand homme.
Poète, Henri MESCHONNIC apporte un éclairage original sur la lecture de la Bible.
Les traductions les plus usuelles commettent toutes à ses yeux le même péché: passer la pensée hébraïque au laminoir de la philosophie grecque, et à la moulinette chrétienne.
Egalement philosophe, il recourt au concept d'essentialisme, écrasant selon lui les particularités du nominalisme hébraïque.
Un exemple: le grec "physis" (la vie) s'est substitué à l'hébreu "haïm" (les vivants).
Là où les Hébreux voient des manifestations, les Grecs et leurs héritiers pointent un principe.