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Sur du vent - Page 30

  • OUI

    euphorbes,

     

    Ce ne serait que trois voyelles 

    vibrantes au bas d'un mur d'avril

    devant la force d'un pissenlit

    ou aux confins d'une pommette

    pour l'effluve d'un regard tangeant

    Et encore en mille autres lieux 

    comme autrefois de Liberté

    on écrivit le nom

     
     

    Trois voyelles

    qui boudent des lèvres trop sèches

    méprisent les palais inutiles

    et toute la peine de leurs pierres

     
     

    Trois voyelles entrevues

    où personne jamais n'écrirait

    ni prénom ni idéal

    mais où l'on goûte enfin

    toute enfance ressouvenue

    à la chair du monde

     
     

    Trois voyelles qui diraient simplement

    d'un souffle

    oui

     

     

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  • ARAIGNÉE

    seringamatin,

     

    travail

    de nuit

     

    silence

    de l'aube

     

    l'horloge

    muette

    de l'araignée

     

     

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  • MES AFFAIRES

    île,cité,pont,seine,

     

    Préférant cheminer débobinant le fil infini des circonvolutions de rêveries nébuleuses ou de corvées inventées, je tourne tout autour, pour ne pas les voir, et surtout ne pas m'en occuper, de quoi ? de mes affaires, celles qui se comptent en temps et en argent, espèces sonnantes aux oreilles les plus nombreuses. À demain toujours remises, elles sont le prix pour le pain quotidien d'une quiétude, sucrée d'autres intranquillités.

    Ne pas m'occuper de mes affaires.

     

     

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  • Le POÈME selon Alejandra PIZARNIK

    porte,grenier,,

     

    ...

    Si seulement je pouvais ne vivre qu'en extase, façonnant le corps du poème avec mon corps, rachetant chaque phrase avec mes jours et mes semaines, insufflant dans le poème mon souffle alors que chaque lettre de chaque mot a été immolée dans les cérémonies du vivre.

     

    Alejandra PIZARNIK, Œuvre poétique, Actes Sud, trad. Silvia Baron Supervielle, 2005

     

     

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  • DANSE

    bug,

     

    hasard des bruits

    et des mouvements

     

    volonté du son

    et du geste

     

    danse

    du hasard

    et de la volonté

     

     

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  • Alejandra PIZARNIK dans l'ABANDON

    pierre,blanc,

     

    Un abandon en suspens.

    Nul n'est visible sur terre.

    Seule la musique du sang

    assure résidence

    dans un lieu si ouvert.

     

    Alejandra PIZARNIK, Œuvre poétique, Actes Sud, trad. Claude Couffon, 2005

     

     

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  • SILHOUETTE

    dindon,oiseau,céramique,

     

    contre-jour

    silence

     

    silhouette

    que l'oiseau

     

    et les ailes

    et la tête

     

     

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  • LANGUE

    herbe,chat,ardoise,

     

    Les lignes du papier ni le tracé des lettres ne pourront contenir la langue, qui glisse sur le papier
    librement comme les sons dans l'air sans relief ou les images dans la soie des esprits en partance
    Un mot peut être exact, la langue jamais, qui charrie tout le limon nécessaire à en brouiller le génie
    sous l'apparence de musique réglée où se rangent les lettres, le plomb laissant aux pieds toute liberté
    La grammaire donne la justesse à la langue, qui  l'étend en tous sens, jusqu'aux danses et aux transes de la folie
    et les sons se départissent des barreaux de la portée, s'affranchissent de leurs racines et volent en symboles
    débarrassée du squelette de ses lettres, à tire d'aile la langue s'éploie toute de nerfs et de muscles
    toutes les piles de tous les ponts du mot sont sapés pour que filent en silence des idées flottées
    On pourrait s'imaginer la langue, lumineuse et ailée, triomphante des vents malgré un équilibre précaire 
    pensée aérienne, mais qui se répandrait en vain, si délestée de la pierre de ses lettres et du bois de ses sons
    Il faut qu'une aïeule lègue sa maison riche de mémoire à la langue, que cette grammaire permette la génération 
    assure la lignée, la succession des œuvres des hommes, les magistrales comme les intimes, et accouche une culture

     

     

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