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Sur du vent - Page 32

  • Le GOUVERNEMENT selon Anat ZECHARIA

    oiseau,huppe,crête,

     

    Monsieur le chef du gouvernement

     

    Monsieur le chef du gouvernement,

    je médite sur les sous-tasses,

    sur l'arrangement des fleurs, sur la lumière des bougies parfumées,

    sur les couteaux scintillants,

    sur les nappes propres tendues sur la table

    sur la glace à la pistache que vous aimez tant

    (goût précieux et inconnu partout ailleurs)

    sur le sorbet aux fruits de saison

    qu'aime votre femme

    fraises aujourd'hui, citron à l'été

    la vanille pour les enfants.

    Monsieur le chef du gouvernement,

    vous devez être fier de votre pays

    quand vous le regardez de vos yeux clos.

    Oubliez toute trace de destruction et de feu

    vouloir vivre sur le fil ce n'est pas contestable

    rien à craindre de cela.

    Et l'occupation est comme élémentaire

    regardez comme sont belles les plantes grimpant sur le balcon

    agrippées à la grille.

    Et cela nous donne aussi une raison de nous tenir des années durant au carrefour

    et chanter.

    Monsieur le chef du gouvernement,

    peu importe comme on passe

    comme on se sent

    comme on se bat

    comme on chute, comme on prie

    combien on nous promet de victoires par KO

    comment on revient à la vie.

    Quelqu’un a dit : le Mont du Temple est à nous

    le Mont du Temple est à nous, toujours,

    et un autre a répondu : beau travail, beau travail

    (les armes silencieuses)

    nous léguant le futur

    nous laissant la tête dans le ciel

    le corps dans des encoches, dans les fissures,

    restant ainsi des années, des années.

    Monsieur le chef du gouvernement,

    salut

    et quand vous quitterez votre résidence

    enfilez un pull ou au moins nouez-le à votre cou.

     

    Anat ZECHARIA, traduit de Lyrikline

     

     

    ▶︎ Vent du jour : Poésie ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • Fernando PESSOA en OISEAU

    oiseau,rouge,bec,

     

    Plutôt le vol de l’oiseau qui passe sans laisser de trace,
    que le passage de l’animal, dont l’empreinte reste sur le sol.
    L’oiseau passe et oublie, et c’est ainsi qu’il doit en être.
    L’animal, là où il a cessé d’être et qui, partant, ne sert à rien,
    montre qu’il y fut naguère, ce qui ne sert à rien non plus.

    Le souvenir est une trahison envers la Nature,
    Parce que la Nature d’hier n’est pas la Nature.
    Ce qui fut n’est rien, et se souvenir c’est ne pas voir.

    Passe, oiseau, passe, et apprends-moi à passer!

     

    Fernando PESSOA, Le gardeur de troupeau, 1914, Je ne suis personne, Bourgois, 1994

     

     

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  • Andrée CHEDID dans l'INSTANT

    céramique,noir,blanc,

     

    D'instant en instant

    D'instant en instant
    Germe le temps qui me tisse
    File le temps qui me traque
    S'écourte le temps qui me fuit

    D'instant en instant
    Captif du temps qui s'élance
    Je navigue
    Sur les jeux du songe
    Sur le flux du présent
    Sur l'élan de l'âme
    Sur les remous du cœur

    D'instant en instant
    Au rythme du temps qui nous modèle
    Nos ombres se démènent
    Sur la toile de la vie.

     

    Andrée CHEDID, Poèmes pour un texte, Flammarion, 1991

     

     

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  • GRENIER

    porte,bois,calculs,grenier,

     

    le grenier

    gagné

    sur les araignées

     

    paille

    et poutres

     

    œil-de-bœuf

     

     

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  • La LANGUE selon les PROVERBES

    rouge,langue,fruit,

     

    La mort et la vie sont dans la main de la langue, et qui l'aime mangera de son fruit.

     

    Proverbes, 18, 21

     

     

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  • Le FRUIT de la BOUCHE

    oiseau,bleu,bec,

     

    Du fruit de sa bouche, chacun comble son ventre, de la moisson de ses lèvres il se comble.

     

    Proverbes, 18, 20

     

     

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  • CORDES

    laser,

     

    piano

    préparé

     

    crochets

    percutés

     

    dans les cordes

    le chaos

     

     

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  • Les ARBRES selon Henri MICHAUX

    femme,arbres,terre cuite,

     

    ...

    Elles montent dans les arbres. Pas par les branches, mais par la sève.

    Le peu de forme qu'elles avaient, fatiguées à mort, elles vont la perdre dans les rameaux, dans les feuilles et les mousses et dans les pédoncules.

    ...

    Ensuite, elles descendent par les racines dans la terre amie, abondante en bien des choses, quand on sait la prendre.

    Joie, joie qui envahit comme envahit la panique, joie comme sous une couverture.

    ...

     

    Henri MICHAUX, La vie dans les plis, Poésie-Gallimard, 1972

     

     

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