Monsieur le chef du gouvernement
Monsieur le chef du gouvernement,
je médite sur les sous-tasses,
sur l'arrangement des fleurs, sur la lumière des bougies parfumées,
sur les couteaux scintillants,
sur les nappes propres tendues sur la table
sur la glace à la pistache que vous aimez tant
(goût précieux et inconnu partout ailleurs)
sur le sorbet aux fruits de saison
qu'aime votre femme
fraises aujourd'hui, citron à l'été
la vanille pour les enfants.
Monsieur le chef du gouvernement,
vous devez être fier de votre pays
quand vous le regardez de vos yeux clos.
Oubliez toute trace de destruction et de feu
vouloir vivre sur le fil ce n'est pas contestable
rien à craindre de cela.
Et l'occupation est comme élémentaire
regardez comme sont belles les plantes grimpant sur le balcon
agrippées à la grille.
Et cela nous donne aussi une raison de nous tenir des années durant au carrefour
et chanter.
Monsieur le chef du gouvernement,
peu importe comme on passe
comme on se sent
comme on se bat
comme on chute, comme on prie
combien on nous promet de victoires par KO
comment on revient à la vie.
Quelqu’un a dit : le Mont du Temple est à nous
le Mont du Temple est à nous, toujours,
et un autre a répondu : beau travail, beau travail
(les armes silencieuses)
nous léguant le futur
nous laissant la tête dans le ciel
le corps dans des encoches, dans les fissures,
restant ainsi des années, des années.
Monsieur le chef du gouvernement,
salut
et quand vous quitterez votre résidence
enfilez un pull ou au moins nouez-le à votre cou.
Anat ZECHARIA, traduit de Lyrikline