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Poésie - Page 96

  • Le BOULANGER et la CHALEUR

     

    Si l'Assomption est une désincarnation de la Vierge, la torpeur quant à elle s'incarne à la perfection dans le 15 août...


    Retouche à la torpeur


    l'empereur a passé la revue des fenêtres

    et dort et son cheval sous lui

    leur bronze écrase la grand-place


    dans l'été vide

    le silence en point d'orgue

    a pris l'emblème d'un heurtoir de cuivre


    Daniel BOULANGER, Fenêtre mon navire, Grasset, 2008.


     

     

     

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  • DESNOS et PROSPECTUS (rediffusion de l'été)

     


    En 1919, Robert DESNOS publiait Prospectus, un recueil de poèmes fait du recyclage de formules publicitaires, ou d'inscriptions entr'aperçues dans la rue: "cuisine bourgeoise", "il faut laisser des arrhes", "entrez sans frapper"...

    Détournant l'une de ces formules, il conclut ainsi un poème:


    À la porte d'un hôtel meublé
    un écriteau était collé:
    ICI ON PEUT APPORTER SON AMOUR.


     

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  • POÉSIE : 1 - FOOTBALL : 0 (but de Serge WELLENS)


    Pendant que les observateurs des choses du football s'adonnent à leur goût du psychodrame, en feignant de se demander si les Bleus parviendront à battre les Îles FEROE, respirons-en l'air pur et sauvage, avec Serge WELLENS :


    COURRIER DES FEROE


    Souviens-toi

    de ce bref instant

    dans le monde


    Nous dormions du même sommeil

    chacun habitant l'autre

    dans le froid la dureté


    C'était

    va savoir où

    entre 6 et 7 degrés

    de longitude Ouest

    entre 61 et 62 degrés

    de latitude Nord


    Ton profil de jeune plante

    dansait sous le vent

    parmi les buissons

    de ce pays sans arbres


    Pays pénitent


    Du côté de Torshavn

    la mer faisait naufrage

    on y voyait des astres

    se tordre de douleur


    Le ciel se couvrait

    de nuages d'oiseaux

    sternes

    fous de bassan

    courlis cendrés

    pétrels


    C'était présage

    de cet instant

    immense et bref dans le monde


    Chacun habitant l'autre


    Trente années comme si

    nous ne devions jamais mourir.


    Il m'arrive d'oublier que je perds la mémoire, Folle avoine, 2006.


    Et comment vont-ils prononcer Torshavn, ces brillants commentateurs ?...

     

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  • René DAUMAL et l'INCUBATION (rediffusion de l'été)



    Selon René DAUMAL,

    un poème qui ne serait pas lu ne vaut pas plus qu'un oeuf pourri.



    Pas d'éclosion possible, sans la couvaison par le lecteur.


     

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  • L'ART de ne RIMER PLUS (rediffusion de l'été)


    De grâce, enseigne-moi l'art de trouver la rime;

    Ou, puisque enfin tes soins y seraient superflus,

    Molière, enseigne-moi l'art de ne rimer plus,


    BOILEAU a bien raison de prier qu'on lui accorde l'art de la rime ou, mieux encore, celui de renoncer à la rime.

    Il est vrai que la rime ajoute un mortel ennui aux vers médiocres; le poète alors est un mauvais mécanicien qui fait entendre le bruit choquant de ses poulies et de ses cordes.

    C'est VOLTAIRE qui vient d'acquiescer à ce propos.


    Voici un siècle que la poésie a fait exploser rimes et métrique. Mais en réalité, cette liberté conquise plonge les poètes - et aussi leurs lecteurs - dans le puits sans fond de tous les possibles. Le cadre de la poésie n'est plus dans sa forme, mais dans l'exigence de sincérité qui pèse sur le poète. Tandis que le règne de la rime se fondait sur une culture commune, admise par tous.

    En s'en privant, le poète doit tenter de toucher son lecteur par le seul contenu de son texte, sans faire jouer une connivence avec lui, qui ne reposerait que sur un système de conventions.


    Et VOLTAIRE de conclure:

    Je ne puis souffrir qu'on sacrifie à la richesse de la rime toutes les autres beautés de la poésie.

     

     

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  • Anas ALAILI sur les RESTES de la GUERRE du FEU

     

    Des spectres de dinosaures

    chutent

    d'une pâle lampe électrique

    suspendue au plafond

    (et ceci n'est pas une métaphore

    c'est la lumière

    qui provient du pétrole

    lequel provient

    des fossiles d'espèces disparues).


    Anas ALAILI, extrait de Mensonge poétique, N4728 n°16, trad. de l'arabe par Mohammed El Amraoui.

     

     

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  • Tomas TRANSTRÖMER : TRANSFORMER l'HOMME


    Tomas TRANSTRÖMER déclarait au micro d'André VELTER qu'

    amener le lecteur à vivre plus intensément est la mission du poète.

     

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  • Daniel BOULANGER, POÈTE 3 ÉTOILES


    Célébrons nous aussi le firmament, puisque la Nuit des Étoiles nous y invite, ainsi que la rêverie propre au creux de l'été, et peut-être aussi la délicatesse des nuages:


    retouche aux étoiles


    braille de l'âme


    leur silence est subtil et rappelle

    le mûrissement d'un verger


    soudaine et dans le bas

    l'effraie


    Daniel BOULANGER, À quatre épingles, Grasset, 2002.

     

     

     

     

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