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Poésie - Page 96

  • Guy GOFETTE : à l'AVANT des NAVIRES

     

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    On lit à la poupe de cette embarcation portugaise : "les vieux sont fatigués"...


    Ainsi nos pas se sont portés longtemps à l'avant des navires

    plus pour le combat des vagues la déchirure des eaux

    que pour l'aventureuse saison des îles

    - nos pas imaginaires

    ...


    Guy GOFETTE, extrait de Éloge pour une cuisine de province.

     

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  • Le MOULE à GOFETTE


    En général, le premier vers m'est donné, c'est le la du poème qui va suivre ou se perdre. C'est lui qui impose la tonalité du morceau, morceau que je ne quitterai qu'après le dernier coup d'archet.


    Guy GOFETTE, dans Décharge n°143.

     

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  • RÉGIS ROUX : TOUJOURS LABOUR

    La neige n'y est pas encore, mais nous voici à la saison des labours...

     

     

    Guetteur

    Dieu des labours

    Un corbeau prend la mesure

    La plus incorrigible

    Soulève

    Le masque de la neige

    Débusque la promesse du grain

     

    Régis ROUX, Questions posées au paysage, Le Dé Bleu, 1998.

     

     

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  • Gaston PUEL au PIED des MÛRES

     

    Pacte


    Là-bas sur les remparts ruisselle la foudre

    Ici autour de nos vivres l'âme suffoque

    Partir ? Ici aussi la mâture chancelle

     

    Mon pacte est un roncier

    Je suis balafre

    (le vent la ravive ou l'apaise)

     

    Ainsi j'ai signé

    La donation est ouverte :

     

    Le sang des mûres aux oiseaux

    Le mien à l'oubli.

    in Terre-plein, Thierry Bouchard éd.

     

     

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  • Gaston PUEL : Y A PLUS de PAYSANS


    Aujourd'hui, brusquant l'adieu, les moissonneurs créditent, empruntent, amortissent. Ils souffleraient au cul de la terre pour activer les saisons !
    Sont-ils riches ? Ils n'ont même pas un grillon pour l'hiver ; pas un grain de raisin pour le mourant de septembre.


    Extrait de Les Moissonneurs, in Terre-plein, Thierry Bouchard éd.


    Ce n'est peut-être pas au point de mourir dès ce septembre, mais le raisin d'ici s'annonce fort bon.


     

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  • Michel MERLEN dans L'MÉTRO


    Lecture silencieuse



    livre bien ouvert

    tenu des deux mains

    que lisent dans le sens de la marche

    des hommes et des femmes

    déjà presbytes

    de temps en temps

    un coup d'oeil furtif

    sur la première page de couverture

    du volume du voisin de passage


    le titre est happé

    comme une nourriture

    d'urgence


    Généalogie du hasard, Le Dé bleu, 1986.

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  • Nora BOSSONG FACE à son PÈRE


    Derrière les montagnes



    Derrière les montagnes

    mon père chantait la chanson

    du cygne mourant,

    du moulin qui fait tic-tac,

    et aussi de la mine.


    Il avait sur la langue

    l'haleine du buveur,

    son coup de cil cliquetait comme

    un verre d'eau-de-vie sur la pierre.


    La mine, c'était sa bouche,

    et le moulin faisait tic-tac

    dans son larynx

    et le cygne se mourait déjà

    dans ses poumons.


    Il aimait chanter, mon père.

    Sa voix résonnait loin sur la plaine.


    Nora BOSSONG, Décharge n°142, Trad. Rüdiger FISCHER).


    Que ce soit par sa bonté, son haleine, son absence, sa rigueur, ses coups, un père marque toujours.


     

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  • Jacques ANCET : LONG sur l'ÉTÉ


    Jacques ANCET raconte en vingt-quatre poèmes « Vingt-quatre heures, l'été » (Ed.Lettres vives, 2000).

    Ceux pour qui les vacances sont un moyen de porter attention à ce qui flotte dans l'air de l'été en retrouveront peut-être ici un bon parfum :



    Vingt-deux heures



    Dix heures. Les chiens aboient

    comme si on entendait

    l'envers brutal du silence.

    Comme si montait de la terre

    une violence de voix

    acharnée à mettre en pièces

    le calme à peine conquis

    des la nuit. De temps à autre

    ils se taisent et c'est, sans fin,

    un clignotement muet,

    un bourdonnement de bouches,

    quelque chose comme des

    lèvres entrouvertes, des mots

    sans suite qui s'éparpillent.

    Et puis les cris recommencent.

    Ils disent l'heure des dents,

    la salive, la brûlure,

    le noir qui s'est mis à luire,

    une obscure transaction

    de racines et de ténèbres,

    l'invisible connivence

    de l'étoile et du charbon.


     

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