Jacques ANCET raconte en vingt-quatre poèmes « Vingt-quatre heures, l'été » (Ed.Lettres vives, 2000).
 Ceux pour qui les vacances sont un moyen de porter attention à ce qui flotte dans l'air de l'été en retrouveront peut-être ici un bon parfum :
 
 
  Vingt-deux heures
 
 
 Dix heures. Les chiens aboient
 comme si on entendait
 l'envers brutal du silence.
 Comme si montait de la terre
 une violence de voix
 acharnée à mettre en pièces
 le calme à peine conquis
 des la nuit. De temps à autre
 ils se taisent et c'est, sans fin,
 un clignotement muet,
 un bourdonnement de bouches,
 quelque chose comme des
 lèvres entrouvertes, des mots
 sans suite qui s'éparpillent.
 Et puis les cris recommencent.
 Ils disent l'heure des dents,
 la salive, la brûlure,
 le noir qui s'est mis à luire,
 une obscure transaction
 de racines et de ténèbres,
 l'invisible connivence
 de l'étoile et du charbon.