Vrai, est-ce calomnier si nous disons
Que nous sommes les fils dorés de la captivité ?
En voulant ignorer
Que nous sommes les gardiens de notre petitesse ?
Nosrat RAHMANI, Action Poétique n° 39, 1968.
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Vrai, est-ce calomnier si nous disons
Que nous sommes les fils dorés de la captivité ?
En voulant ignorer
Que nous sommes les gardiens de notre petitesse ?
Nosrat RAHMANI, Action Poétique n° 39, 1968.
MIDI À GIBRALTAR
À la batterie du Prince de Gallles,
enclos par les cactus orthopédiques,
un mortier victorien
couvant ses boulets non éclos
tend
une croupe épaisse
à la réverbération du ciment, à midi.
L'impalpable charbon des soutes monte jusqu'ici
et dépose sur les iris blancs.
Cependant qu'à la station de T.S.F.
l'opérateur à la chevelure de nickel
se met à son clavier,
car c'est soudain un crépitement
(comme écraser des scarabées secs).
Midi. Angélus radiotélégraphique.
Nauen arrive,
Carnavon arrive,
Aranjuez aussi.
À grandes foulées les ondes vont vers les antennes de Gibraltar
en forme de lion.
Par-dessus l'échine ébréchée du vieux rocher
les mots s'ébattent.
Indifférent,
le fauve les laisse se loger dans sa crinière pelée
et se rit de donner asile
aux rêves d'amour international du Président Wilson,
pour lui
négligeables comme des poux.
Paul MORAND, Lampes à arcs, 1919.
Charles DOBZYNSKI, Dialogue à Jérusalem (extrait), Action Poétique n° 57, 1974.
Honneurs politiques
"splendides tourments"
"Si l'on pouvait asseoir
un absolu pouvoir
de silence sur soi"
...
Lorine NIEDECKER, Thomas Jefferson, in Louange du lieu et autres poèmes,
Corti. Trad. Abigail Lang, Maïtreyi et Nicolas Pesquès.
Nicolas, Nicolas tu as bien trop à faire
Pour aller à la guerre
Nicolas, Nicolas tu as bien trop à faire
Nicolas n'y va pas
Il faut semer le grain
Couper les foins
Couper le bois au fond des bois
Mirer les oeufs
Rentrer les boeufs
Panser les chevaux
Il faut tirer le vin
Porter le grain
Demain matin
Au vieux moulin des olivettes
Et t'occuper de la petite Lisette *
Nicolas, Nicolas tu as bien trop à faire
Pour aller à la guerre
Nicolas, Nicolas tu as bien trop à faire
Nicolas reste là
Chanté par Gilbert BÉCAUD, mais qui est le parolier ?
* variante : "Carla", mais il faut alors remplacer "olivettes" par "ananas".
C'est d'la colle et d'la chierie ;
La vrai' vérité,
C'est qu'les Benoits toujours lichent,Et s'graiss'nt les balôts.
Vive eul' bataillon d'la guiche !C'est nous qu'est les dos.
Jean RICHEPIN, La Chanson des gueux, 1876.
Renseignements pris, ce Richepin ne doit rien à la transsubstantiation et les Benoits seraient dans l'argot de l'époque des souteneurs.
Il n'y a pas de beurre pour les hâves.
Robert DESNOS.
L'Euro et le Tour de France n'étaient qu'un avant-goût : le chauvinisme généralisé s'apprête désormais à nous délivrer son meilleur arrière-goût :
C´est vrai qu´ils sont plaisants tous ces petits villages
Tous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces cités
Avec leurs châteaux forts, leurs églises, leurs plages
Ils n´ont qu´un seul point faible et c´est être habités
Et c´est être habités par des gens qui regardent
Le reste avec mépris du haut de leurs remparts
La race des chauvins, des porteurs de cocardes
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Maudits soient ces enfants de leur mère patrie
Empalés une fois pour toutes sur leur clocher
Qui vous montrent leurs tours leurs musées leur mairie
Vous font voir du pays natal jusqu´à loucher
Qu´ils sortent de Paris ou de Rome ou de Sète
Ou du diable vauvert ou bien de Zanzibar
Ou même de Montcuq il s´en flattent mazette
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque partGeorges BRASSENS