La Peau
Yeux ouverts sur la nuit
Les ombres domestiques du chevet et du lit
La douce douce dune d'une épaule polie.
Hervé Le TELLIER, Maraboulipien, Le Castor Astral, 2008.
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La Peau
Yeux ouverts sur la nuit
Les ombres domestiques du chevet et du lit
La douce douce dune d'une épaule polie.
Hervé Le TELLIER, Maraboulipien, Le Castor Astral, 2008.
Périphérique
Un con qui téléphone sans tenir son volant
Un autre en 205 qui fait n'importe quoi
Une fille qui déboite, comme ça, sans clignotant
Un taxi fatigué qui rentre à Levallois
Deux blacks sapés la frime dans leur Opel Manta,
Une dame en chapeau qui traîne en japonaise
Un cadre la trentaine dans une Laguna
Trois rappeurs en casquette, plaque 93
Un maçon portugais dans son renault Express
Une Mercedes noire, une vieille DS
Des camions sur deux files, une bagnole de flics
Toutes ses vies frôlées sur le périphérique
Étranges étrangers aux étranges bonheurs
Et toi tout endormi dans mon rétroviseur.
Hervé Le TELLIER, Zindien, Le Castrol Astral, 2008.
Un tour de périph' qui rappelle le Carrefour Mabillon, 30 ans plus tôt...
Chambre où vit la célèbre veuve
Novembre livre ses ténèbres neuves
La mère banlieue s'éclaircit la gorge
Déjà fer grogne déjà pluie cogne
Et se cache sous le piétonnement
Sombre et froide encore la cuisine
A gardé l'odeur de cardamome
J'y retrouve donnant sur le vide
Une parole passerelle rompue
Dans l'apesanteur des grands oublis
Les corps tournent et se repoussent
Alain LANCE, Obsidiane & Le temps qu'il fait, 2000
Retouche au cimetière
les flaques du chemin ont l'éclat des médailles
les immortelles de laiton
frissonnent sur les tombes
le vent connaît toujours le heurt léger
des cintres orphelins dans l'armoire qu'on ouvre
les morts sont à leur jeu sous l'échiquier
sans l'air de nous attendre
dans sa superbe une obélisque ignore
deux ou trois dalles de travers
Daniel BOULANGER, À quatre épingles, Grasset 2002.
Souffrance
à Guillaume Apollinaire
Si tu savais si tu savais
Les murs se resserrent
Ma tête devient énorme
Où sont donc parties les lignes de mon papierJe voudrais allonger mes bras pour
secouer la Tour-Eiffel et le Sacré-Cœur de Montmartre...Philippe SOUPAULT, Rose des Vents.
Haïku-ku la Prâline
Mon petit garçon
Tu es mon petit garçon
Mon petit garçon
Hervé Le TELLIER nous rappelle que les bons sentiments ne font pas la bonne poésie.
Ou alors, c'est affaire de degrés...
retouche à l'éden
la loge a l'odeur de lapin
et le très vieux calendrier des Postes
veille encore sur les saints d'aujourd'hui
son paysage pend au mur près d'une montre
dans l'herbe au long de l'eau se courbent les iris
en hommage à la barque où rêve un adonis
le temps semble être ailleurs et le concierge aussi
Daniel BOULANGER, Fenêtre mon navire, Grasset, 2008.
D'ailleurs, pensons à préparer notre monnaie, le facteur ne saurait tarder...
Avec plus de 6 mois d'avance, un poème parfaitement d'actualité :
Vingt-six avril
À présent si lourd
Ton corps muet
Malmené
Pour l'ultime habillage
Mal entendu
Sans ombre à présent
Sans fièvre plus jamais
Alain LANCE, Obsidiane & Le temps qu'il fait, 2000
Mais pourquoi attendre davantage ?