Réduit, désormais, à l'immensité du ciel
Invétéré pêcheur à la ligne
(mais tu n'y allais plus l'hiver,
tu craignais le froid, celui qui gagne)
la charnière entre ta vie et ta mort
aura-t-elle grincé ?
La morphine
l'aura-t-elle un peu graissée ?
Auras-tu senti quelque chose ?
Le mordillement d'une truite ?
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Cette simple secousse
(elle t'aura ferré
en dehors du courant)
tu l'auras éprouvé tant de fois
dans le silence des poissons
l'auras-tu seulement reconnue ?
L'hameçon acéré d'un dieu
(mais nous n'y croyions pas)
à la commissure de tes lèvres,
auras-tu serré les dents ?
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Jacques LĖBRE, Théodore Balmoral n° 59/60 (extraits)