Haïku-ku la Prâline
Mon petit garçon
Tu es mon petit garçon
Mon petit garçon
Hervé Le TELLIER nous rappelle que les bons sentiments ne font pas la bonne poésie.
Ou alors, c'est affaire de degrés...
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Haïku-ku la Prâline
Mon petit garçon
Tu es mon petit garçon
Mon petit garçon
Hervé Le TELLIER nous rappelle que les bons sentiments ne font pas la bonne poésie.
Ou alors, c'est affaire de degrés...
retouche à l'éden
la loge a l'odeur de lapin
et le très vieux calendrier des Postes
veille encore sur les saints d'aujourd'hui
son paysage pend au mur près d'une montre
dans l'herbe au long de l'eau se courbent les iris
en hommage à la barque où rêve un adonis
le temps semble être ailleurs et le concierge aussi
Daniel BOULANGER, Fenêtre mon navire, Grasset, 2008.
D'ailleurs, pensons à préparer notre monnaie, le facteur ne saurait tarder...
Avec plus de 6 mois d'avance, un poème parfaitement d'actualité :
Vingt-six avril
À présent si lourd
Ton corps muet
Malmené
Pour l'ultime habillage
Mal entendu
Sans ombre à présent
Sans fièvre plus jamais
Alain LANCE, Obsidiane & Le temps qu'il fait, 2000
Mais pourquoi attendre davantage ?
Dans Parcours immobiles (le Dé Bleu, 1995), Georges JEAN évoque
L'ÉCOLE d'AUTREFOIS
.
.
.
Le maître gardait le temps
Dans sa grosse montre rousse.
Nos talons sur le plancher
Faisaient un bruit de forêts ;
Nos plumes grattaient, grattaient
La neige de nos cahiers.
Et parfois une autre vie
Déroulait ses sortilèges
Quand on tombait dans le piège
Tendu par les poésies.
On sait plus tard qu'adulte, le temps et l'obscurité restent à nos talons, mais que, par chance, les sortilèges aussi demeurent.
Réduit, désormais, à l'immensité du ciel
Invétéré pêcheur à la ligne
(mais tu n'y allais plus l'hiver,
tu craignais le froid, celui qui gagne)
la charnière entre ta vie et ta mort
aura-t-elle grincé ?
La morphine
l'aura-t-elle un peu graissée ?
Auras-tu senti quelque chose ?
Le mordillement d'une truite ?
.
.
.
Cette simple secousse
(elle t'aura ferré
en dehors du courant)
tu l'auras éprouvé tant de fois
dans le silence des poissons
l'auras-tu seulement reconnue ?
L'hameçon acéré d'un dieu
(mais nous n'y croyions pas)
à la commissure de tes lèvres,
auras-tu serré les dents ?
.
.
.
Jacques LĖBRE, Théodore Balmoral n° 59/60 (extraits)
Le nom de Joël SADELER se rappelle à nous, puisque le 24 octobre à Ballon (Sarthe), le prix qui porte son nom sera décerné.
L'occasion de le citer :
Cancale
Huîtres creuses
Port à plat
La mer dégonflée
Comme un ballon crevé
et la vie
sur une patte
la quille
Décharge n°143 présente des textes d'Yves-Jacques BOUIN, dans lesquels le poème, érigé en personnage mouvant, déambule en différents quartiers de Paris.
Ainsi dans ces quelques lignes extraites du Poème d'en voiture à Barbès :
...
A Barbès le marché c'est fini
rogatons d'arguties que l'on foule
du talon
dans les plis des piétons
si pressés
d'aller là où Paris
vend ses ors
oripeaux chez Tati
sur l'asphalte
les tomates s'estomaquent
et s'éclatent
et s'en vont dans leur sang
vent mauvais
éventrant les plastiques
portés pâles
débâcles et caniveaux
où s'écoule
dans les eaux l'oeuvre peint
de Barcello
...
Ce qui restera entre deux ratures, tu le nommeras poème. Un peu de terre remuée, un infime terrier de mots ou bien toute la terre s’arrondissant sous la main comme une pomme.
Gaston PUEL