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Poésie - Page 97

  • Michel MERLEN sur le DOS

    Le conseil est peut-être un peu sec pour ceux qui reprennent le travail ces jours-ci...


    ne laisse pas ta peau

    sécher comme un edelweiss

    sous l'édredon des bureaux

    ça suffit

    de marcher pour rien

    dans l'incendie du quotidien


    Michel MERLEN, Généalogie du hasard, Le Dé bleu, 1986.

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  • Pentcho SLAVEÏKOV : un ART de l'ÉPITAPHE


    Décharge n°142 présente le poète Bulgare Pentcho SLAVEÏKOV.

    Entre autres, car l'homme était érudit et prolifique, il a publié des épitaphes, considérées comme des œuvres poétiques :


    Ravaudeur, poivrot, sans enfant,

    il s'appelait Stanyo Patience -

    sa vie loqueteuse, c'est la mort

    qui l'a reprisée proprement.


    (trad. Denitza BANTCHEVA)


     

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  • Nora BOSSONG face au DINDON


    DÉMÉNAGEMENT


    Le dernier jour je fermai le gaz.

    Je ne mangeai plus que du dindon froid,

    cassai des deux mains les os sternaux

    en forme de fronde, on dit que cela porte bonheur,

    je fermai les yeux

    et n'entendis plus que les craquements

    des os refroidis qui,

    si minces et poreux,

    n'auraient pu rien protéger,

    pas même le coeur

    d'un dindon froid

    cuit plusieurs jours avant.


    Nora BOSSONG (Décharge n°142, trad. de l'allemand Rüdiger FISHER)



    Ce peut être aussi le sentiment de qui quitte son lieu de vacances...

     

     

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  • L'IDÉE REÇUE, Roger LAHU !


    "c'est tout un poème"


    oh oui

    la vie

    c'est tout un poème

    très irrégulier


    et de ces césures

    à vous fendre

    en deux tronçons

    sanguinolents


    sans rime sans raison


    et les traîtrises

    des jours

    qui vous enfoncent leurs poignards

    dans le dos pour signer l'oeuvre


    Roger LAHU, Comme on dit, N4728 n°16.


    Outre l'inanité de l'expression, Roger LAHU montre ici que le poème, comme toutes les autres manifestations de la vie, n'est pas forcément là pour faire joli.

    Il est toujours bon de tordre le cou à cette idée coriace.

     

     

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  • La LANGUE : Roger LAHU (à l'USURE)


    Roger LAHU pointe des expressions toutes faites, et se révolte doucement contre leur absurdité. N4728 n°16 en rassemble quelques spécimens sous le titre "Comme on dit" :


    "mets-y un peu du tien"


    du mien ?

    que voulez-vous

    que j'abandonne


    un organe

    un membre

    une pensée fugitive ?


    et au pied de quelle pieta

    déposer

    ce don ?


    à quel mur

    accrocher

    ces pitoyables et sanguinolents

    ex-voto ?

     

     

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  • Le BOULANGER et la CHALEUR

     

    Si l'Assomption est une désincarnation de la Vierge, la torpeur quant à elle s'incarne à la perfection dans le 15 août...


    Retouche à la torpeur


    l'empereur a passé la revue des fenêtres

    et dort et son cheval sous lui

    leur bronze écrase la grand-place


    dans l'été vide

    le silence en point d'orgue

    a pris l'emblème d'un heurtoir de cuivre


    Daniel BOULANGER, Fenêtre mon navire, Grasset, 2008.


     

     

     

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  • DESNOS et PROSPECTUS (rediffusion de l'été)

     


    En 1919, Robert DESNOS publiait Prospectus, un recueil de poèmes fait du recyclage de formules publicitaires, ou d'inscriptions entr'aperçues dans la rue: "cuisine bourgeoise", "il faut laisser des arrhes", "entrez sans frapper"...

    Détournant l'une de ces formules, il conclut ainsi un poème:


    À la porte d'un hôtel meublé
    un écriteau était collé:
    ICI ON PEUT APPORTER SON AMOUR.


     

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  • POÉSIE : 1 - FOOTBALL : 0 (but de Serge WELLENS)


    Pendant que les observateurs des choses du football s'adonnent à leur goût du psychodrame, en feignant de se demander si les Bleus parviendront à battre les Îles FEROE, respirons-en l'air pur et sauvage, avec Serge WELLENS :


    COURRIER DES FEROE


    Souviens-toi

    de ce bref instant

    dans le monde


    Nous dormions du même sommeil

    chacun habitant l'autre

    dans le froid la dureté


    C'était

    va savoir où

    entre 6 et 7 degrés

    de longitude Ouest

    entre 61 et 62 degrés

    de latitude Nord


    Ton profil de jeune plante

    dansait sous le vent

    parmi les buissons

    de ce pays sans arbres


    Pays pénitent


    Du côté de Torshavn

    la mer faisait naufrage

    on y voyait des astres

    se tordre de douleur


    Le ciel se couvrait

    de nuages d'oiseaux

    sternes

    fous de bassan

    courlis cendrés

    pétrels


    C'était présage

    de cet instant

    immense et bref dans le monde


    Chacun habitant l'autre


    Trente années comme si

    nous ne devions jamais mourir.


    Il m'arrive d'oublier que je perds la mémoire, Folle avoine, 2006.


    Et comment vont-ils prononcer Torshavn, ces brillants commentateurs ?...

     

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