dans le travail
des dents
qui agrippent
puis une vibration
glissant
au loin
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dans le travail
des dents
qui agrippent
puis une vibration
glissant
au loin
Pangmur le blanc et moi
avons chacun notre métier
son esprit pense à sa chasse
et moi je pense à la mienne
Je préfère à toute gloire la paix
de mon livre, chant du savoir
et lui qui ne m'envie jamais
aime son métier enfantin
Parfois après une lutte terrible
une souris tombe en son pouvoir
et moi je prends dans mon filet
un mot difficile à comprendre
Même si notre labeur est long
nous ne nous dérangeons jamais
car chacun aime son travail
et chacun en profite seul
Le travail qu'il accomplit chaque jour
est celui pour lequel il est fait
et moi je suis préparé au mien :
mener l'obscur à la lumière
Jacques ROUBAUD, Dors, Gallimard, 1981
prends ce marteau
enfonce le clou
de ce chant de travail
de ce champ de coton
expulse la poussière
qui perce les poumons
On loue le défaire tout autant que le faire, à force de dictons, et notre salopette emballe une chair à engrenage qui sinue, prise dans la chaîne (et perdant la trame), entre pistons et rouages. Ou cravate nouée, les voix sont étranglées, blanches en travers des cols, par le simple oubli du geste pur, suffisant à souffler le verre, comme à abattre le bœuf.
Les bêtes de travail ont été recrutées parmi les chevaux et les bœufs, accessoirement parmi les ânes et les mulets.
Maurice WOLKOWITSCH, L'élevage dans le monde, 1966.
Cette seconde catégorie d'animaux a depuis pris le nom de "bêtes de vrai travail".
Le conseil est peut-être un peu sec pour ceux qui reprennent le travail ces jours-ci...
ne laisse pas ta peau
sécher comme un edelweiss
sous l'édredon des bureaux
ça suffit
de marcher pour rien
dans l'incendie du quotidien
Michel MERLEN, Généalogie du hasard, Le Dé bleu, 1986.
Au 1er mai, point d'autre devoir que celui de mémoire.
Les boulangers, pour la plupart, tenant malgré tout boutique aujourd'hui, voici une retouche du Daniel du même nom:
au jardin solennel quand on ferme la grille
sur le ballet du souvenir
seul l'if en reste sur les pointes
grand écart et quadrille
semblent ne convenir
aux morts et leurs conjointes
(Daniel BOULANGER in Fenêtre mon navire, Grasset 2008)
"Le lézard, le serpent, le cristal, le galet, le filet d’eau qui coule de la roche sont de si éclatantes réussites que rien ne les pourrait améliorer. Ainsi doit être le poème (quand on considère qu’il est sorti de la période de travail, et que l’on a décidé de le montrer et possiblement de le publier)".
André-Pieyre de Mandiargues, par ce raccourci, offre l'avantage d'étouffer toute idée d'inspiration en poésie.
C'est le travail, et la volonté d'un artiste, qui mettent au jour le poème, pour lui donner sa perfection d'eau de roche.
... ou de serpent.