Selon René DAUMAL,
un poème qui ne serait pas lu ne vaut pas plus qu'un oeuf pourri.
Pas d'éclosion possible, sans la couvaison par le lecteur.
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Selon René DAUMAL,
un poème qui ne serait pas lu ne vaut pas plus qu'un oeuf pourri.
Pas d'éclosion possible, sans la couvaison par le lecteur.
De grâce, enseigne-moi l'art de trouver la rime;
Ou, puisque enfin tes soins y seraient superflus,
Molière, enseigne-moi l'art de ne rimer plus,
BOILEAU a bien raison de prier qu'on lui accorde l'art de la rime ou, mieux encore, celui de renoncer à la rime.
Il est vrai que la rime ajoute un mortel ennui aux vers médiocres; le poète alors est un mauvais mécanicien qui fait entendre le bruit choquant de ses poulies et de ses cordes.
C'est VOLTAIRE qui vient d'acquiescer à ce propos.
Voici un siècle que la poésie a fait exploser rimes et métrique. Mais en réalité, cette liberté conquise plonge les poètes - et aussi leurs lecteurs - dans le puits sans fond de tous les possibles. Le cadre de la poésie n'est plus dans sa forme, mais dans l'exigence de sincérité qui pèse sur le poète. Tandis que le règne de la rime se fondait sur une culture commune, admise par tous.
En s'en privant, le poète doit tenter de toucher son lecteur par le seul contenu de son texte, sans faire jouer une connivence avec lui, qui ne reposerait que sur un système de conventions.
Et VOLTAIRE de conclure:
Je ne puis souffrir qu'on sacrifie à la richesse de la rime toutes les autres beautés de la poésie.
Des spectres de dinosaures
chutent
d'une pâle lampe électrique
suspendue au plafond
(et ceci n'est pas une métaphore
c'est la lumière
qui provient du pétrole
lequel provient
des fossiles d'espèces disparues).
Anas ALAILI, extrait de Mensonge poétique, N4728 n°16, trad. de l'arabe par Mohammed El Amraoui.
Tomas TRANSTRÖMER déclarait au micro d'André VELTER qu'
amener le lecteur à vivre plus intensément est la mission du poète.
Célébrons nous aussi le firmament, puisque la Nuit des Étoiles nous y invite, ainsi que la rêverie propre au creux de l'été, et peut-être aussi la délicatesse des nuages:
retouche aux étoiles
braille de l'âme
leur silence est subtil et rappelle
le mûrissement d'un verger
soudaine et dans le bas
l'effraie
Daniel BOULANGER, À quatre épingles, Grasset, 2002.
Le 16 décembre 2007 (c'en est donc aujourd'hui l'assez notable non-anniversaire), André VELTER sonnait les 20 ans de son émission de radio Poésie sur Parole.
Entre autres bonnes trouvailles, il y distinguait huit catégories où classer tous ceux qui se prétendent poètes :
les chantres de peu,
les linguistes aphones,
les biscottes sans beurre,
les révoltés de bar-tabac,
les lyriques de sacristie,
les précieux ridicules,
les apprentis pas sorciers pour un sou,
les prêcheurs de désert
Par savoir-vivre, il précisait promptement que cette dernière caste saurait bien l'accueillir...
Allez dans la langue, l'obscurité en vaut la chandelle
Jean-Pascal DUBOST, extrait d'un chantier en cours, publié par N4728.
LE POÈME
Le poème tournoie sur la tête de l'homme
en cercles proches ou lointains
L'homme en le découvrant voudrait s'en emparer
mais le poème disparaît
Avec ce qu'il a pu retenir
l'homme fait le poème
Et ce qui lui échappe
appartient aux hommes à venir.
Homero ARIDJIS, Brûler les vaisseaux, 1975 (trad.Claude Couffon et René Gouédic)