Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

pétrole

  • La MER selon Georges LIMBOUR

    mer,mal,

     

    C'était le temps où la mer était pure. Le flux, comme une maraîchère ivrogne poussant sa voiturée de beurre noir, ne charriait pas aux marchés des rivages les mottes rondes et molles de mazout, qui ont empoisonné la danse des méduses. Voilà de quoi est faite sa chair noircie, de la nouvelle Vénus qui nous sort de l'écume goudronneuse. Elle est la fille de soute, la rinceuse de réservoirs, la putain de cale des pétroliers géants que les Japonais fabriquent, défiant toute concurrence, à la grosse, comme les montres. Bouddha a vendu ses danseuses pour un verre de pétrole. Déchirées, les robes sacrées flottent sur la mer en nappes irisées, haillons graisseux.

     

    Georges LIMBOUR, Soleil bas, Poésie Gallimard, 1972

    ▶︎ Vent du jour : Poésie ▶︎ 2 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • Christian CHARRIERE : la FORET d'ISCAMBE... OUI !

    Iscambe.gif

    Impossible de remettre la main sur ce livre ! (peut-être celui à qui je l'ai prêté lira ces lignes et voudra bien me le rendre...)

    Donc, de mémoire : il est question dans ce roman d'anticipation d'une traversée à pied de la France, dévastée par quelque catastrophe, sur le tracé d'une ancienne autoroute, au cours de laquelle les deux héros voient dans les stations-services abandonnées les vestiges des cultes voués à des divinités disparues : outre la déesse protectrice Shell (avec une coquille pour attribut) et le grand dieu Total, ils croient reconnaître en BP - arborant les sinistres couleurs vert et jaune - un dieu facétieux, voire malfaisant, qu'ils désigneront bien vite sous le nom de Brûleur de Poux.

    Plus inspirés, ils auraient choisi Bayou Pollué...
    ... ou Béance Pétrolière.

     

    ▶︎ Vent du jour : Littérature ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • QUENEAU : ZAZIE dans le CO2


    Alors que Copenhague s'apprête à casser la baraque, à moins que ce ne soit le contraire, rappelons la vision qu'eut le poète voici déjà 80 ans...


    Lampes taries

    maladies peintes sur éventail

    les ongles se soudent aux flacons vides

    peinture de navires couverte de coquillages

    lampes taries

    la lumière se tait

    sur les plateaux déserts et muets d'un théâtre hébété

    un oiseau tremble de fièvre

    et ses plumes tombent comme les dents d'un arbre

    des hiboux sont couchés dans des lits de délire

    il n'y a plus de phosphore de soufre

    plus de pétrole de charbon

    la neige fond en une eau noire

    boulevards définitivement secrets

    lampes froides

    lampes taries


    Raymond QUENEAU, L'instant fatal, Poésie Gallimard.


    ▶︎ Vent du jour : Poésie ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • Anas ALAILI sur les RESTES de la GUERRE du FEU

     

    Des spectres de dinosaures

    chutent

    d'une pâle lampe électrique

    suspendue au plafond

    (et ceci n'est pas une métaphore

    c'est la lumière

    qui provient du pétrole

    lequel provient

    des fossiles d'espèces disparues).


    Anas ALAILI, extrait de Mensonge poétique, N4728 n°16, trad. de l'arabe par Mohammed El Amraoui.

     

     

    ▶︎ Vent du jour : Poésie ▶︎ 1 vent(s) de la plaine Lien permanent