Alors que Copenhague s'apprête à casser la baraque, à moins que ce ne soit le contraire, rappelons la vision qu'eut le poète voici déjà 80 ans...
Lampes taries
maladies peintes sur éventail
les ongles se soudent aux flacons vides
peinture de navires couverte de coquillages
lampes taries
la lumière se tait
sur les plateaux déserts et muets d'un théâtre hébété
un oiseau tremble de fièvre
et ses plumes tombent comme les dents d'un arbre
des hiboux sont couchés dans des lits de délire
il n'y a plus de phosphore de soufre
plus de pétrole de charbon
la neige fond en une eau noire
boulevards définitivement secrets
lampes froides
lampes taries
Raymond QUENEAU, L'instant fatal, Poésie Gallimard.