Le corps
Elle allait
à sa droite un ange gardien
à sa gauche un garde du corps
Prenez l'âme
dit l'ange à l'homme
moi cette nuit
je garde le corps
André SCHMITZ, in Ici on parle flamand et français, Le castor astral, 2005.
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Le corps
Elle allait
à sa droite un ange gardien
à sa gauche un garde du corps
Prenez l'âme
dit l'ange à l'homme
moi cette nuit
je garde le corps
André SCHMITZ, in Ici on parle flamand et français, Le castor astral, 2005.
Le lierre
Mer d'oreilles attentives, que te dit-elle la pierre ?
Tu glisses sur les tombes, tu collectionnes des noms,
tu frissonnes quand le vent de l'été te réveille
pour explorer tes mains et leur ravir les voix
que tu rassembles minutieux, masquant le temps,
veilleur des dialogues et des adieux fièvreux.
Ton rêve solitaire veille sur les tombes
ô origine des langues, ô lierre frémissant
où peu à peu la nuit des morts se réunit -
En vain les jeux de la tempête te réclament ;
les fontaines de lumières et les statues du jour,
depuis longtemps t'attendent pour s'offrir dénudées
tandis que toi, reclus, tu habites les stèles.
Julio CORTÁZAR, Crépuscule d'automne, José Corti, 2010, trad. S.Baron-Supervielle
Je ne questionne pas sur les gloires ni les neiges,
je veux savoir où se retrouvent les hirondelles mortes,
où vont les boîtes d'allumettes usées.
Aussi grand que soit le monde
il y a les ongles à couper, les effiloches,
les enveloppes fatiguées, les cils qui tombent.
Où vont les brumes, le dépôt du café,
les almanachs d'un autre temps ?
...
Julio CORTÁZAR, Crépuscule d'automne, José Corti, 2010, trad. S.Baron-Supervielle
Mon corps est né quand elle prit et garda ma main dans la sienne,
Ce sont mes tablettes.
Plus elle serrait, plus les blés existèrent tandis qu'on courait.
Ariane DREYFUS, Quelques branches vivantes, Flammarion, 2001.
...
Mes mains écrivent, ici je fais le feu. J'y brûle les arbres des jours, les branches des heures, les épines des minutes vite sèches.
...
Ariane DREYFUS, Quelques branches vivantes, Flammarion, 2001.
Sois en moi comme la plainte éternelle
du vent glacial, et non
Comme les choses éphémères,
éclats de fleurs.
Prends-moi dans la puissante solitude
des falaises sans soleil
Et des eaux sombres.
Que les dieux nous disent doucement
Dans l'autre monde,
les fleurs d'Hadès dans leur ombre
Se souviennent de toi.
Ezra POUND, Poèmes, NRF-Gallimard, Trad. Michèle Poinson.
Je trouve scandaleux que la tortue vive si longtemps et moi trop brièvement
Je m'oppose à ce cambriolage de mes jours
Je récuse le vieillir de l'hiver
Et n'accepte désormais que les bonnes saisons
Je m'interdis de mourir
...
Yves MAZAGRE, La lutte finale, Librairie-Galerie Racine, 2010
Que notre grâce d'être né soit ce théâtre sans doublure où ne se programme qu'une seule fois, entre deux rideaux de paupières closes, un impromptu dont toute reproduction est interdite,
Il me semble que je l'ai su dès l'enfance, dès mes yeux ouverts sur la lumière facile de ma colline sans hiver :
Incroyable nouvelle dont nous sommes si peu à vouloir nous tenir informés,
A cause de l'épouvante.
Yves MAZAGRE, La lutte finale, Librairie-Galerie Racine, 2010