Rue, au 23, Ballu.
J'exprime,
Sitôt Juin à Monsieur Degas
La satisfaction qu'il rime
Avec la fleur des Syringas.
Stéphane MALLARMÉ, Les Loisirs de la Poste, 1894.
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Rue, au 23, Ballu.
J'exprime,
Sitôt Juin à Monsieur Degas
La satisfaction qu'il rime
Avec la fleur des Syringas.
Stéphane MALLARMÉ, Les Loisirs de la Poste, 1894.
Villa des Arts, près l'Avenue
De Clichy, peint Monsieur Renoir
Qui devant une épaule nue
Broie autre chose que du noir.
Stéphane MALLARMÉ, Les Loisirs de la Poste, 1894.
C'est dur, seul, de s'user soi-même ;
De se râper, de se limer.
Même mon pantalon ne s'use pas tout seul.
Du monde entier viennent des aides ;
Des ouvriers de sel, de poussière, de sable,
Pour changer mon pantalon neuf
En un vieux pantalon en ruine.
...
Roland DUBILLARD, La boîte à outils, L'arbalète, 1985.
La raison est une béquille qui se prend pour une jambe.
Louis SCUTENAIRE, in Ici on parle flamand et français, Le castor astral, 2005.
Avec les mots on marque le mouvement. Avec les images on le fixe.
Louis SCUTENAIRE, in Ici on parle flamand et français, Le castor astral, 2005.
Idéogrammes en Chine
À cette lumière toute page écrite, toute surface couverte de caractères, devient grouillante et regorgeante... pleine de choses, de vies, de tout ce qu'il y a au monde... au monde de la Chine
pleine de lunes, pleine de cœurs, pleine de portes
pleine d'hommes qui s'inclinent
qui se retirent, qui s'en veulent, qui font la paix
pleine d'obstacles
pleines de mains droites, de mains gauches
de mains qui s'étreignent, qui se répondent, qui se lient à jamais
pleine de mains face à face,
de mains sur leurs gardes, de mains occupées
pleine de matins
pleine de portes
pleine d'eau tombant goutte à goutte des nuages
pleine de bacs qui traversent d'une rive à l'autre
pleine de levées de terre
pleine de creusets
et d'arcs et de fugitifs
et pleines de calamités
et pleine de voleurs emportant sous le bras les objets volés
et pleine de convoitises
et pleine de mailles
pleine aussi de paroles sincères
et pleine de réunions
et pleine d'enfants nés coiffés
et pleine de trous dans la terre
et de nombrils dans le corps
et pleine de crânes
et pleine de fosses
et pleine d'oiseaux de passage,
et pleine de nouveaux-nés - que de nouveaux-nés ! -
et pleine de métaux dans les profondeurs du sol
et pleine de terres vierges
et de vapeurs qui montent des herbages et des marais
et pleine de dragons
pleine de démons errant dans la campagne
et pleine de tout ce qui existe dans l'univers
tel quel ou autrement assemblé
choisi à dessein par l'inventeur de signes pour être ensemble
scènes pour faire réfléchir
scènes de toute sorte
scènes pour offrir un sens, pour en offrir plusieurs,
pour les proposer à l'esprit
pour les laisser émaner
groupes pour résulter en idées
ou pour se résoudre en poésie.
Henri MICHAUX, in Ici on parle flamand et français, Le castor astral, 2005.
Le corps
Elle allait
à sa droite un ange gardien
à sa gauche un garde du corps
Prenez l'âme
dit l'ange à l'homme
moi cette nuit
je garde le corps
André SCHMITZ, in Ici on parle flamand et français, Le castor astral, 2005.
Le lierre
Mer d'oreilles attentives, que te dit-elle la pierre ?
Tu glisses sur les tombes, tu collectionnes des noms,
tu frissonnes quand le vent de l'été te réveille
pour explorer tes mains et leur ravir les voix
que tu rassembles minutieux, masquant le temps,
veilleur des dialogues et des adieux fièvreux.
Ton rêve solitaire veille sur les tombes
ô origine des langues, ô lierre frémissant
où peu à peu la nuit des morts se réunit -
En vain les jeux de la tempête te réclament ;
les fontaines de lumières et les statues du jour,
depuis longtemps t'attendent pour s'offrir dénudées
tandis que toi, reclus, tu habites les stèles.
Julio CORTÁZAR, Crépuscule d'automne, José Corti, 2010, trad. S.Baron-Supervielle