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La confusion de la nuit descend sur Ithaque,
Estompe nos rides, nous fait étrangers à nous-mêmes.
Par la fenêtre ouverte l'ombre indifférente file des étincelles.
Yves MAZAGRE, L'agave s'impatiente, Librairie-Galerie Racine, 2001.
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La confusion de la nuit descend sur Ithaque,
Estompe nos rides, nous fait étrangers à nous-mêmes.
Par la fenêtre ouverte l'ombre indifférente file des étincelles.
Yves MAZAGRE, L'agave s'impatiente, Librairie-Galerie Racine, 2001.

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Ce n'est pas, Raana, que mon chant vibre avec plus d'intensité
Ou plus de douceur que celui d'un autre, mais je suis
Ici Poète, je bois réellement la vie
Comme les petites gens boivent le vin.
Ezra POUND, Poèmes, NRF-Gallimard, trad. Michèle PINSON, 1985.

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Tant de naufrages m'ont dépouillé des prodiges dont j'avais été le témoin ; à quoi bon me désoler, pouvais-je emporter dans la carène de mon bateau toutes les inventions et les habiletés du monde ?
Le remplir de millions d'éclats brefs d'hommes et de femmes, de mœurs, de religions, de temples, de monuments, de traditions, d'habitudes vestimentaires, de mobilier ou d'œuvres d'art,
Entasser les céramiques, les bijoux, les verres finement colorés, les statues, les cratères, les souvenirs et les réflexions subtiles n'eut rien changé.
Trop dérisoires encore et si périssable cargaison pour exprimer l'émotion, l'intelligence, la foule des contradicteurs de la mort qui, sans espoir, osent défier les immortels et remodeler la nature ;
Et comme elle ajouter à l'utile le miracle de l'inutile et de l'irrationnel ?
Yves MAZAGRE, L'agave s'impatiente, Librairie-Galerie Racine, 2001.

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La beauté, alors, s'accouplait à la cruauté ; les chasseurs s'excusant de les mettre à mort s'adressaient poliment à leurs victimes animales, leurs demi-frères ou leurs cousins dont ils allaient savourer l'œdipienne ressemblance.
Le pacte est rompu, les idiots ne savent plus tuer avec dignité.
Pas plus qu'ils ne savent s'interroger.
Yves MAZAGRE, L'agave s'impatiente, Librairie-Galerie Racine, 2001.

Pire est le désarroi de la phrase sans méandre.
Yves MAZAGRE, La Théorie des impostures, Librairie-Galerie Racine, 2000.

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Lentement habitués à la coexistence de l'immonde au deuil de toute durée aux fêtes sans avenir même pas un lendemain
Paroles parades de quelques heures artifices de la pensée où désormais se réfugient les jouissances et la poésie de la création
Cependant nous ne parvenons pas à tuer ce cheval stupide cet antipoème si vrai qui galope comme un fou dans nos viscères
Yves MAZAGRE, L'agave s'impatiente, Librairie-Galerie Racine, 2001.

C'est toujours un peu tard que tu pleures
emmailloté dans ton habit bleu
qu'aura maculé de brun la guerre
de sang tout encroûté, de gros bleu.
C'est sur la bêtise que tu pleures
poilu, soldat de dieu, casque bleu
sur les désastres des grandes guerres.
S'il reste du carburant, tu pleures
encore sur les petites guerres
celles pour les débutants, la bleu-
saille, enfin sur les moyennes guerres.
Et toi, là, qui par contre ne pleures
pas, tu en redemandes des bleus
des coups, des plaies, des bosses. Tu pleures
de ne les rendre qu'en temps de guerre.
avec trois mots pris dans les titres de Franck Venaille
Jacques JOUET, Poèmes avec partenaires, POL, 2002.

Ironiquement, l'état de fils
change, au fond, peu au cours d'une vie
et ce n'est pas qu'un fait d'Occident.
Le plancher des vaches de la vie
te demande tes papiers de fils
plus souvent que tu n'en as envie.
C'est ainsi, l'Orient et l'Occident
tirent avec précision les fils
qui nous rattachent à l'Occident
ici, là au levant de la vie.
Le mourant se couche à l'Occident
veillé par tel ou tel de ses fils
émergeant. "Laisse-moi, va ta vie
abrège un peu tes devoirs de fils
et n'appartiens pas qu'à l'Occident".
avec trois mots pris dans les titres de Pierre Michon
Jacques JOUET, Poèmes avec partenaires, POL, 2002.