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Poésie - Page 51

  • Dany LAFERRIÈRE et le NORD

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    ...

     

    Tout bouge sur cette planète.

    Vue du ciel on voit son Sud

    toujours en mouvement.

    Des populations entières montent

    chercher la vie au nord.

    Et quand tout le monde y sera

    on basculera par-dessus bord

     

    *

     

    Et l'exil du temps est plus impitoyable

    que celui de l'espace.

    Mon enfance ma manque plus cruellement

    que mon pays.

     

    Dany LAFERRIÈRE, L'Enigme du retour, Grasset et Fasquelle, 2009.

     

     

     

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  • LORSQU'ACHILLE CHAVÉE SERA MORT

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    Facture

     

    Qu'il fera bon vivre lorsque nous serons morts

    que nous reposerons

    dans je ne sais quel trou du vieux Cosmos

    bien refroidi

    bien étendu

    dans la noire volonté de n'être plus

    avec la pierre du silence absolu

    posée sur notre langue

    qu'il ne faudra plus jamais retourner

    sept fois dans notre bouche

    pour dire ou ne pas dire la vérité acquise

     

    puisque la notion de vérité

    n'emportera plus de signification

    que tous les dieux auront cessé d'être le verbe

    que l'épine plantée jadis dans notre coeur

    n'entraînera plus le moindre cri

    capable de troubler encore

    la présence du néant

     

    Achille CHAVÉE, De vie et mort naturelle, Montbliard, 1960

     

     

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  • DORMIR selon Roland DUBILLARD

    maison,

     

    Dormir.

    Les clous qui s'endorment

    laissent tomber leurs planches.

    La maison s'écroule si

    une poutre s'endort.

    ...

     

    Roland DUBILLARD, La boîte à outils, L'arbalète, 1985.

     

     

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  • Henri MICHAUX DÉSÉCHAFAUDÉ

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    Vieillesse

     

    Soirs ! Soirs ! Que de soirs pour un seul matin !

    Ilots épars, corps de fonte, croûtes !

    On s'étend mille dans son lit, fatal déréglage !

    Vieillesse, veilleuse, souvenirs : arènes de la mélancolie !

    Inutiles agrès, lent déséchafaudage !

    Ainsi, déjà, l'on nous congédie !

    Poussé ! Partir poussé !

    Plomb de la descente, brume derrière...

    et le blême sillage de n'avoir pas pu Savoir.

     

    Henri MICHAUX, Plume, Gallimard, 1938

     

     

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  • Henri MICHAUX : sa VIE...

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    Ma vie

     

    Tu t'en vas sans moi, ma vie.

    Tu roules,

    Et moi j'attends encore de faire un pas.

    Tu portes ailleurs la bataille.

    Tu me désertes ainsi.

    Je ne t'ai jamais suivie.

     

    Je ne vois pas clair dans tes offres.

    Le petit peu que je veux, jamais tu ne l'apportes.

    A cause de ce manque, j'aspire à tant.

    A tant de choses, à presque l'infini...

    A cause de ce peu qui manque, que jamais tu n'apportes.

     

    Henri MICHAUX, La nuit remue, Gallimard,1935

     

     

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  • Roland DUBILLARD à l'EAU !

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    ...

    Cette eau vive, cruelle, au ventre gros de haine,

    Oh ! dis-nous, dompteur serpentin,

    Par quel ordre imposé de ton plomb souterrain

    L'eau, par nature loup, passant du mal au bien,

    Est-elle devenue ce chien

    Qui suce nos savons et nous lèche les mains ?

     

    Roland DUBILLARD, La boîte à outils, L'arbalète, 1985

     

     

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  • Anne-Marie KEGELS

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    Ma douceur égorgée

     

    Ma douceur égorgée

    comme un agneau de mai

    je la donne à manger

    aux filles qui viendront.

     

    Que ce qui fut confiance

    chaudement prodiguée

    descende dans leur corps

    et y fasse ravage.

     

    Qu'il leur en vienne un sang

    dépourvu de velours.

    Qu'on voit entre leurs lèvres

    blanchir les dents du loup.

     

    En plein terreau du cœur

    et dans leurs mains ouvertes

    je rêve d'une rose

    qui fleurirait granit.

     

    Anne-Marie KEGELS, Les chemins sont en feu, Rougerie, 1973.

     

     

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  • Léopold SEDAR SENGHOR à NEW-YORK


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    À New York

     

    New York ! je dis New York, laisse affluer le sang noir dans ton sang

    Qu'il dérouille tes articulations d'acier, comme une huile de vie

    Qu'il donne à tes ponts la courbe des croupes et la souplesse des lianes.

    Voici revenir les temps très anciens, l'unité retrouvée la réconciliation du Lion, du Taureau et de l'Arbre

    L'idée liée à l'acte l'oreille au cœur le signe au sens.

    Voilà tes fleuves bruissants de caïmans musqués et de

    lamantins aux yeux de mirages. Et nul besoin d'inventer les Sirènes.

    Mais il suffit d'ouvrir les yeux à l'arc-en-ciel d'Avril

    Et les oreilles, surtout les oreilles à Dieu qui d'un rire de saxophone créa le ciel et la terre en six jours.

    Et le septième jour, il dormit du grand sommeil nègre.

     

    Léopold SEDAR SENGHOR, Ethiopiques, Seuil, 1956

     

     

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