Il y a en tout objet
le grain serré de l'heure
attente ou espoir de grâce
En chaque objet vit l'âme
d'un oiseau possible
Jacques IZOARD, Œuvres complètes, I Poésies 1951-78, Éditions de la Différence, 2006.
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Il y a en tout objet
le grain serré de l'heure
attente ou espoir de grâce
En chaque objet vit l'âme
d'un oiseau possible
Jacques IZOARD, Œuvres complètes, I Poésies 1951-78, Éditions de la Différence, 2006.
"pure" est le qualificatif
de la bouche
la bouche crée
le mot, la parole
("la vraie sécretion de
l'homme mollusque" - Francis Ponge)
Aaron SHABTAÏ, Le poème domestique, Éditions de l'éclat, Trad. Michel Eckhard-Elial, 1987
dés croés dés cleus ed'z àns
ahoques flèques harpons
- chés pores pichons is m'dizoè't' ech Sàangneur
miu qu'ech tchurè
des croix des clous, hameçons
des crochets flèches harpons
- les pauvres poissons m'en disaient plus
sur Notre Seigneur que le curé
Pierre GARNIER, Le Jardin Ouvrier, 1995-2003, Flammarion, traduit du picard par l'éditeur.
Mes frères et sœurs
N’ai pas de souvenir de moi
sans eux
n'ai pas vraiment existé
avant leur naissance
message du tout-puissant
gravé sur la plante des pieds
n’ai pu le déchiffrer
jusqu’à présent
peut-être parce que
les devançant toujours
n’ai jamais vu leurs empreintes
désire
garder l’avance
au moins jusqu’au cimetière
pour n’avoir jamais de souvenir
sans eux
Gerdur KRISTNÝ, Trad. Henri Deluy, Liliane Giraudon et l’auteur, Action Poétique n°174, décembre 2003.
Je suis un raciste de la paix :
les yeux bleus tuent,
les yeux noirs massacrent,
les cheveux frisés égorgent,
les cheveux lisses bombardent,
les peaux mates dépècent ma peau,
et les peaux blanches versent mon sang.
Seuls ceux qui n'ont pas de couleur
seuls les transparents sont bons
qui me laissent dormir la nuit en paix
et apercevoir le ciel
à travers eux.
Yehuda AMICHAÏ, Poèmes de Jerusalem, trad. Michel Eckard-Elial, Editions de l'éclat, 1991.
ech biœ gvaù boulonnoé a min tayon
su sin doù j'é aprind l'muzique dech po.ènme
l'canchon d'chèle tére
qu'ale dandoline
le beau cheval boulonnais de mon grand-père
sur son dos j'ai appris la musique du poème
la chanson de la terre
qui dodeline
Pierre GARNIER, traduit du picard par Ivar Ch'Vavar, Le Jardin Ouvrier, supplément au n°8.
Victoires
A la télé, les Hollandais avaient battu les Roumains et tout le bar allait exploser parce que c’était à Amsterdam. La bière coulait à flot, on trinquait au genièvre et sans doute par erreur un homme totalement inconnu m’en donna un. J’allais refuser mais décidais d’accepter car un peu plus tôt ce jour-là j’avais, me semblait-il, remporté une minuscule incontestable victoire personnelle.
Bragi ÓLAFSSON, Trad. Henri Deluy, Liliane Giraudon et l’auteur, Action Poétique n° 174 décembre 2003.
Le corbeau noir
se regarde étonné
dans le champ couvert de neige
Abbas KIAROSTAMI, Avec le Vent, POL, trad. Nahal Tajadod et Jean-Claude Carrière.