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idéogrammes

  • Henri MICHAUX en CHINE

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    Idéogrammes en Chine

     

    À cette lumière toute page écrite, toute surface couverte de caractères, devient grouillante et regorgeante... pleine de choses, de vies, de tout ce qu'il y a au monde... au monde de la Chine

     

    pleine de lunes, pleine de cœurs, pleine de portes

    pleine d'hommes qui s'inclinent

    qui se retirent, qui s'en veulent, qui font la paix

    pleine d'obstacles

    pleines de mains droites, de mains gauches

    de mains qui s'étreignent, qui se répondent, qui se lient à jamais

    pleine de mains face à face,

    de mains sur leurs gardes, de mains occupées

    pleine de matins

    pleine de portes

    pleine d'eau tombant goutte à goutte des nuages

    pleine de bacs qui traversent d'une rive à l'autre

    pleine de levées de terre

    pleine de creusets

    et d'arcs et de fugitifs

    et pleines de calamités

    et pleine de voleurs emportant sous le bras les objets volés

    et pleine de convoitises

    et pleine de mailles

    pleine aussi de paroles sincères

    et pleine de réunions

    et pleine d'enfants nés coiffés

    et pleine de trous dans la terre

    et de nombrils dans le corps

    et pleine de crânes

    et pleine de fosses

    et pleine d'oiseaux de passage,

    et pleine de nouveaux-nés - que de nouveaux-nés ! -

    et pleine de métaux dans les profondeurs du sol

    et pleine de terres vierges

    et de vapeurs qui montent des herbages et des marais

    et pleine de dragons

    pleine de démons errant dans la campagne

    et pleine de tout ce qui existe dans l'univers

    tel quel ou autrement assemblé

    choisi à dessein par l'inventeur de signes pour être ensemble

    scènes pour faire réfléchir

    scènes de toute sorte

    scènes pour offrir un sens, pour en offrir plusieurs,

    pour les proposer à l'esprit

    pour les laisser émaner

    groupes pour résulter en idées

    ou pour se résoudre en poésie.

     

    Henri MICHAUX, in Ici on parle flamand et français, Le castor astral, 2005.

     

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  • Les STELES aux IDEOGRAMMES

    De Victor SEGALEN, dans sa préface à "Stèles", à propos des caractères chinois:

    "Ils dédaignent d'être lus. Ils ne réclament point la voix ou la musique. Ils méprisent les tons changeants et les syllabes qui les affublent au hasard des provinces. Ils n'expriment pas; ils signifient; ils sont."

    Kenneth WHITE (in Segalen, théorie et pratique du voyage) voit dans cette conception de l'idéogramme les principes de l'écriture poétique de SEGALEN:

    "Mais... il lui fallait encore trouver - puisqu'il n'avait pas vraiment recours à l'idéogramme, sinon en épigraphe, comme un sceau d'éternité, et qu'il ne pouvait par conséquent se servir des formes qui y étaient associées - une forme bien à lui, qui confèrerait à son écriture cette solidité qu'il reconnaissait dans les caractères eux-mêmes".

    Poursuivant, sur le ton de la rêverie, on aimerait trouver une parenté étymologique entre la stèle et l'étoile.
    Mais le dictionnaire nous détrompe...

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  • COMPRENDRE LA MECANIQUE

    S'intéresser aux richesses de la langue n'interdit pas de mettre les mains dans le cambouis.

    On apprend ainsi que la "mécanique" dérive du grec "mêkhanê", provenant lui-même d'une racine induisant l'idée de ruse.
    La mécanique est donc la ruse employée pour déjouer l'adversité, contrer les propriétés des choses, ou les détourner à notre profit.

    Si l'on reprend le jeu de l'idéogramme chinois (le lecteur cherchera un peu plus en arrière la note précédente), on pourra par exemple dessiner le mot à l'aide à l'aide d'une roue.

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  • UNE ABSENCE NOMMEE DESIR

    Avoir la tête dans les étoiles peut donner de grandes satisfactions.
    C'est ainsi qu'on apprécie l'étymologie du mot "désir".

    Le latin "desiderata" désigne très précisément le de-siderata, c'est-à-dire l'absence d'étoiles.
    Désirer serait donc constater l'absence et, dans un sens plus actif, rechercher l'inaccessible.

    On imagine alors, si nous étions chinois, la peine à trouver l'idéogramme décrivant ce manque.
    Peut-être un ciel noir?

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