chaque fois le dire
se dérobe
les mots deviennent
un écran presque lisse
et la chair
devient une image
je sais cela que le désir
nullement lisse
dans les mots
n'est pas visible
Paul-Louis ROSSI, Faïences, Flammarion
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chaque fois le dire
se dérobe
les mots deviennent
un écran presque lisse
et la chair
devient une image
je sais cela que le désir
nullement lisse
dans les mots
n'est pas visible
Paul-Louis ROSSI, Faïences, Flammarion
Perdue
à t'être quotidienne
dissoute dans l'eau de vaisselle
les questions sans écho
ai tiré les rideaux fermé les volets
pour rendre la maison
aux palabres des oiseaux
Ne prendrai corps
qu'à l'appel de mon nom
prononcé sur le ton exact du désir
Emmanuel FLORY, Sur le ton exact du désir, Rougerie, 2008
Peut-être viendra-t-elle
et je ne la reconnaîtrai plus, un soir,
elle, si jeune maintenant et brune, sans que
j'entende ses pas
et ce sera brusquement
le même désir emmêlé de nous et
je toucherai cette bouche
qui ne peut mentir
ni me dire qu'on l'attend ailleurs et que ce soir
elle passait très vite.
Claude ESTEBAN, Le jour à peine écrit, Gallimard, 2006
Voici venu le temps où notre amitié se dépouille complètement, c'est-à-dire devient quelque chose d'indicible, je dirais presque d'animal. Car il n'y entre plus seulement le goût de partager des idées et des expériences, il y entre réellement le désir de se retrouver corporellement, en dehors de ce que nous pourrons nous dire ou ne pas nous dire d'intéressant. Le désir de se dire côte à côte beaucoup de choses inutiles, autour des essentielles.
Roland BARTHES, L'expérience, Le corps de l'Autre, France Culture, 2021
attiré
par quelque chose et cette chose est l'attente
que j'en ai mon désir jeté dans l'absence
y fait trembler les traces d'un nom ce nom
accomplit en moi le travail qu'accomplit
en l'air un battement d'aile silencieux
Bernard NOËL, Le reste du voyage, POL, 1997
spectacle
donné
à la société
le désir
à gagner
par chacun
à débusquer
C'est la vie (Wim l'a dit) des anges que de se mouvoir dans une infinie absence d'absence d'étoiles, qui les illumine impuissants comme au passage d'un champignon, tous sens interdits, condamnés aux voies rapides des âmes des villes. Le désir répudie l'odeur de sainteté, exige que l'ongle s'incarne dans le goût du sang, le bas des ailes empesé par la boue des terrains vagues.
Une idée de la morale
La musique est interdite
hallucination de l'esprit
affolement des ventres
Suspecte la poésie
contournant à dos d'âne la voie des anciens
Criminelle la peau
de la cheville étincelle du péché
à l'épaule qui force le désir
Que barbe ou voile
dévorent ces visages éblouis
ou ce seront les pierres