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Poésie - Page 25

  • Claude ESTEBAN et l'AILLEURS

    lierre,statue,femme,

     

    Peut-être viendra-t-elle

    et je ne la reconnaîtrai plus, un soir,

    elle, si jeune maintenant et brune, sans que

    j'entende ses pas

    et ce sera brusquement

    le même désir emmêlé de nous et

    je toucherai cette bouche

    qui ne peut mentir

    ni me dire qu'on l'attend ailleurs et que ce soir

    elle passait très vite.

     

    Claude ESTEBAN, Le jour à peine écrit, Gallimard, 2006

     

     

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  • Chantal DUPUY-DUNIER au COMMENCEMENT

    A,dictionnaire,commencement,

     

    On ouvre le dictionnaire :

    le premier verbe rencontré est abaisser.

    A B C,

    filigrane étonnant.

     

    Abandonner

    est le deuxième verbe

    du volume fané

    à la fleur de pissenlit.

    Abattre le quatrième.

     

    Au commencement était le préfixe privatif.

     

    Chantal DUPUY-DUNIER, Mille grues de papier, Flammarion, 2013

     

     

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  • Pascale PETIT VOUDRAIT

    sorcière,fenêtre,

     

    Je voudrais

     

    Je voudrais que ce soit avant : nos conversations.

    Je voudrais que ce soit assoiffé : nos nuits.

    Je voudrais que ce soit émouvant : nos mains.

     

    Pascale PETIT, L'audace, Nous, 2020

     

     

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  • Pascale PETIT au LOIN

    football,art contemporain,
    Exposition Jeux de balles, jeux de ballons, Musée de Tessé, Le Mans

     

    Diminuendo

     

    À toi, je me plais à penser, à toi, je me plais à penser, à toi, je me plais à penser par cercles de plus en plus éloignés - les diminuendo que j'entends, simulant la distance. Et nous devenons minuscules parce que nous sommes loin l'un de l'autre, et nous devenons minuscules parce que nous sommes loin l'un de l'autre, et nous devenons minuscules parce que nous sommes loin l'un de l'autre, si loin que nous pourrions poser l'index l'un sur l'autre pour nous faire disparaître - ensemble.

     

    Pascale PETIT, L'audace, Nous, 2020

     

     

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  • Claude ESTEBAN : TOUT RECOMMENCE

    ombre,

     

    Un pétale qui tombe

    et la douceur du mot

    soleil

    sont là sur cette table,

    tout

    a recommencé sans moi, sans

    que je sache

    où le sang a jailli, comme

    s'il faisait jour

    très loin, dans le dehors.

     

    Claude ESTEBAN, Le jour à peine écrit, Gallimard, 2006

     

     

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  • La LASSITUDE selon Jacques ABEILLE

    ardoise,

     

     

    Ébène bénin

     

    Dévoré par les marnes

    dévoyé par les mornes

    veilleur attentif sous les fougères arborescentes

    il scrute encore sa mémoire évidée

    où se love le serpent du soleil

    les glaires de la ville s'épanchent à ses pieds

    la soldatesque ivre

    les paillotes consumées

    il titube aveugle dans son sang

    à nuit close

    sous l'oxyde des voix

    bat

    l'éternel tambour de la lassitude

     

    Jacques ABEILLE, Petites proses plus ou moins brisées, Arfuyen, 2015

     

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  • Claude ESTEBAN DERRIÈRE la PORTE

    porte,cathédrale,

     

    Et derrière la porte, il y avait

    le rien ou plutôt

    la matière du rien, une épaisseur

    qui noyait tout et quand je franchissais

    le seuil, c'était le rien qui

    m'accueillait et j'aimais cette chute en moi

    dans un indéfini

    plus doux, plus vague où avoir mal

    ne signifiait que d'être

    là debout, près de la porte, sans savoir.

     

    Claude ESTEBAN, Le jour à peine écrit, Gallimard, 2006

     

     

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  • La NEIGE selon Gaspard HONS

    neige,pierre,

     

    Neige, le bleu du pauvre, le blé du pauvre. Moitié brasier, moitié langue fatiguée, telle une éternité de blancheur, tel un ravissement

     

    et un jardin paisible, le froid que je porterai jusqu'au fruit de l'abeille,

     

    dons d'un gel obscur

     

    Gaspard HONS, Les abeilles de personne, Le Taillis Pré, 2008

     

     

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