Regarder la vie
Hémorragie de mots
Hémorragie d'images
Temps surmenés
Heures répandues
Comment tirer la vie
de toutes ses geôles ?
La vie :
Essor du risque
Vendanges du hasard.
Andrée CHEDID, Poèmes pour un texte, Flammarion, 1991
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Temps surmenés
Heures répandues
Comment tirer la vie
de toutes ses geôles ?
La vie :
Essor du risque
Vendanges du hasard.
Andrée CHEDID, Poèmes pour un texte, Flammarion, 1991
Après le jardin
L'homme se souvenait
du ventre de la demeure
de l'étreinte du jardin
de l'escale des mots
du crépuscule enfoui
en de juteuses racines
Un regret furtif
le fit osciller
vers l'arrière
Puis demain s'anima
d'autres secrets
Et l'homme s'élança
vers l'espace nu.
Andrée CHEDID, Poèmes pour un texte, Flammarion, 1991
Ce sont les nuits démesurées de l’Ukraine,
le métal chassé du ciel, l’accord magique des étoiles
qui retentit à travers le paysage velouté de l’obscur.
La terre attend, retient son souffle.
Armée d’argent, la nuit commence son règne.
...
Franz FUHMANN, Adaptation H.Deluy, Action poétique n° 19, 1962
Oui je suis un nègre-tempête
Un nègre racine-d’arc-en-ciel
Mon cœur se serre comme un poing
Pour frapper au visage les faux-dieux
Au bout de ma tristesse
Il y a des griffes qui poussent
Je fais sauter mes ténèbres
En mille matins de lions.
La foudre sur vos toits, c’est moi!
Le vent qui brise tout, c’est moi !
Le virus qui ne pardonne pas, c’est moi !
Les désastres à la Bourse, c’est moi !
De bon cœur mon soleil signe tous vos fléaux !
...
René DEPESTRE, Action Poétique n° 32-33, 1967
Du même pas
Un soir, hors de la fête,
Tu m'as fait escorte.
La vie nulle part ne s'achève
Mais vient le temps de marées.
Le vent lasse les peines
Demain souffle aux portes,
Rien n'est jamais perdu
De ce qui fut aimé.
Andrée CHEDID, Textes pour un poème, Flammarion, 1983
Jeunesse
à mon fils
Tes lèvres happent l'étoile
Ton rire force l'été
La liberté est ce silex
Que tu affûtes
Et je recule ô mon fils
Sur l'horizon léger
Et je m'attarde
Pour que jeunesse te soit gardée.
Andrée CHEDID, Textes pour un poème, Flammarion, 1983
Tels que nous sommes
Avant que l'univers ne nous habite,
Nous habitions l'univers.
La parole trouve en nous son unique paysage
Le silence déborde de songes à venir.
Entre l'instant vécu et l'instant à vivre,
S'inscrit notre visage éternel.
Andrée CHEDID, Textes pour un poème, Flammarion, 1983
Amour
Cette nuit les nuages sont entraînés
au loin comme les draps d’un lit. La lune lache
sa lumière et dans notre chambre se mesure un flux exagéré.
Dans ta bouche, des gouttes de cristal liquide,
ton visage est poli par l’éclat
de ce rayonnement naturel.
Des ailes d’amour s’étendent pressant fort le cœur contre les côtes.
Notre haleine recouvre peu à peu les fenêtres,
les fleurs
tombées
de notre souffle.
Gilad MEIRI, traduit de l'hébreu d'après Lyrikline