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Poésie - Page 18

  • Alejandra PIZARNIK en BÂTEAU

    terre cuite,femme,

     

    expliquer avec des mots de ce monde

    qu'un bâteau est parti de moi en m'emportant

     

    Alejandra PIZARNIK, Œuvre poétique, Actes Sud, trad. Claude Couffon, 2005

     

     

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  • Gherasim LUCA et le NU

    sommeil,nu,cygne,

     

    ...

    entre le temps de tes tempes et l'espace de ton esprit

    entre la fronde de ton front et les pierres de tes paupières

    entre le bas de tes bras et le haut de tes os

    entre le do de ton dos et le la de ta langue

    entre les raies de ta rétine et le riz de ton iris

    entre le thé de ta tête et les verres de tes vertèbres

    entre le vent de ton ventre et les nuages de ton nu

    entre le nu de ta nuque et la vue de ta vulve

    entre la scie de tes cils et le bois de tes doigts

    ...

     

    Gherasim LUCA, Héros-limite, Le soleil noir, 1953

     

     

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  • Alejandra PIZARNIK en ANGE

    terre cuite,ange,

     

    Cette manie de me savoir un ange,

    sans âge,

    sans mort où me vivre,

    sans piété pour mon nom

    ni pour mes os qui pleurent à la dérive.

    ...

     

    Alejandra PIZARNIK, Œuvre poétique, Actes Sud, trad. Silvia Baron Supervielle, 2005

     

     

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  • Le GOUVERNEMENT selon Anat ZECHARIA

    oiseau,huppe,crête,

     

    Monsieur le chef du gouvernement

     

    Monsieur le chef du gouvernement,

    je médite sur les sous-tasses,

    sur l'arrangement des fleurs, sur la lumière des bougies parfumées,

    sur les couteaux scintillants,

    sur les nappes propres tendues sur la table

    sur la glace à la pistache que vous aimez tant

    (goût précieux et inconnu partout ailleurs)

    sur le sorbet aux fruits de saison

    qu'aime votre femme

    fraises aujourd'hui, citron à l'été

    la vanille pour les enfants.

    Monsieur le chef du gouvernement,

    vous devez être fier de votre pays

    quand vous le regardez de vos yeux clos.

    Oubliez toute trace de destruction et de feu

    vouloir vivre sur le fil ce n'est pas contestable

    rien à craindre de cela.

    Et l'occupation est comme élémentaire

    regardez comme sont belles les plantes grimpant sur le balcon

    agrippées à la grille.

    Et cela nous donne aussi une raison de nous tenir des années durant au carrefour

    et chanter.

    Monsieur le chef du gouvernement,

    peu importe comme on passe

    comme on se sent

    comme on se bat

    comme on chute, comme on prie

    combien on nous promet de victoires par KO

    comment on revient à la vie.

    Quelqu’un a dit : le Mont du Temple est à nous

    le Mont du Temple est à nous, toujours,

    et un autre a répondu : beau travail, beau travail

    (les armes silencieuses)

    nous léguant le futur

    nous laissant la tête dans le ciel

    le corps dans des encoches, dans les fissures,

    restant ainsi des années, des années.

    Monsieur le chef du gouvernement,

    salut

    et quand vous quitterez votre résidence

    enfilez un pull ou au moins nouez-le à votre cou.

     

    Anat ZECHARIA, traduit de Lyrikline

     

     

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  • Andrée CHEDID dans l'INSTANT

    céramique,noir,blanc,

     

    D'instant en instant

    D'instant en instant
    Germe le temps qui me tisse
    File le temps qui me traque
    S'écourte le temps qui me fuit

    D'instant en instant
    Captif du temps qui s'élance
    Je navigue
    Sur les jeux du songe
    Sur le flux du présent
    Sur l'élan de l'âme
    Sur les remous du cœur

    D'instant en instant
    Au rythme du temps qui nous modèle
    Nos ombres se démènent
    Sur la toile de la vie.

     

    Andrée CHEDID, Poèmes pour un texte, Flammarion, 1991

     

     

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  • Les ARBRES selon Henri MICHAUX

    femme,arbres,terre cuite,

     

    ...

    Elles montent dans les arbres. Pas par les branches, mais par la sève.

    Le peu de forme qu'elles avaient, fatiguées à mort, elles vont la perdre dans les rameaux, dans les feuilles et les mousses et dans les pédoncules.

    ...

    Ensuite, elles descendent par les racines dans la terre amie, abondante en bien des choses, quand on sait la prendre.

    Joie, joie qui envahit comme envahit la panique, joie comme sous une couverture.

    ...

     

    Henri MICHAUX, La vie dans les plis, Poésie-Gallimard, 1972

     

     

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  • Henri MICHAUX et la GUERRE

    visage,terre cuite,

     

    ...

    Une guerre vient. Une guerre passe. Avant de passer elle se dépense beaucoup. Elle se dépense énormément. Il est donc naturel qu'elle écrase par-ci par-là quelques crânes. C'est ce que le trépané se dit. Il ne veut pas de pitié. Il voudrait seulement rentrer dans sa tête.

    ...

     

    Henri MICHAUX, La vie dans les plis, poésie-Gallimard, 1972

     

     

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  • Henri MICHAUX et l'ARBRE

    tilleul,arbre,1300,

     

    ...

    Les cris s'arrêtent à cette frontière

    plus de terre pour les maléfices

    monde dégagé du monde

     

    Sans mouvement, sans entreprise

    à l'air on accède

    intimement, profondément

     

    Je manie l'arbre respirant, pulmonaire, élastique,

    monture et j'en suis l'hôte et avec lui fais équipe

    ...

    Henri MICHAUX, Chemins cherchés Chemins perdus Transgressions, Gallimard, 1981

     

     

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