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Poésie - Page 23

  • Le SOMMEIL selon Andrée CHEDID

    fleur d'oubli,

     

    Sommeil

     

    Sommeil ô mon exil

    Sans nom est la distance

    De mes nuits à la nuit

     

    Quand de forme délivrée

    J'erre en indifférence

     

    Aux lieux d'étrange vie

     

    Et pèlerin vivace

    Libre de corps et de sang

    Je goûte ta fleur d'oubli

     

    Sommeil autre moisson

    Cœur premier de la mort

    Suis-je d'ailleurs ou d'ici ?

     

    Andrée CHEDID, Textes pour un poème, Flammarion, 1983

     

     

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  • BONNE MOISSON 2022 !

    Andrée CHEDID,moisson,reste,

     

    La moisson traversée

     

    Garde les yeux ouverts

    Sur la moisson traversée

     

    Recule les frontières de ton jardin

    Laisse les eaux se perdre

    Et les cœurs s'absenter

     

    Si les jours égrènent ce qui sépare

    Il te reste ce qui est.

     

    Andrée CHEDID, Textes pour un poème, Flammarion, 1983

     

     

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  • Andrée CHEDID et le GEL

    autel,urne,

     

    Le gel

     

    On a mis la couleur du gel sur ton visage

     

    Cette vie dont tu ne gardes plus mémoire

    Danse aux portes de ta maison

     

    Tes mains

     

    Faites de mort et de patience

    Vidées du sang qui jaillirait du bris des vitres

     

    N'y peuvent plus rien.

     

    Andrée CHEDID, Textes pour un poème, Flammarion, 1983

     

     

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  • Andrée CHEDID et l'ŒIL

    pont japonais,lac,

     

    ...

    Ne fixe pas l'eau froide du lac

    Oiseau arbre ou toi visage

    Mais va plutôt vers l'œil de l'homme

    Y vivre toutes tes vies.

     

    Andrée CHEDID, Textes pour un poème, Flammarion, 1983

     

     

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  • L'IDENTITÉ selon Serge RITMAN

    yeux,identité,hommes,

     

    ...

    tampon cachet de la poste - faisant mauvaise foi - les préfectures sont des lieux d'aisance - les hommes ne vivent pas seulement de pain - les hommes vivent dans l'attente d'identité - les animaux repus savent qui ils sont - l'identité est le diable en personne - elle est d'une incroyable importance selon le philiosophe - multipliez vos identités et détruisez vos papiers - mangez les marques de l'identité

     

    Serge RITMAN, Rossignols & rouges-gorges, Tarabuste, 1999

     

     

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  • CALIBAN selon Paul De ROUX

    nymphea,rose,

     

    Caliban

     

    Les mots m'échappent,

    qu'ils s'envolent !

    Créature lourde, entravée,

    que je ne les retienne pas

    eux qui me viennent, légers,

    d'un espace sans mesure

    interdit à mes pas.

     

    Paul de ROUX, La halte obscure, Gallimard, 2014

     

     

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  • La TERRE selon Paul de ROUX

    rose,terre,blanche,

     

    La ville que nul rayon ne saisit, n'enlace, ne réchauffe

    laisse cependant circuler ses enfants pâles et dans ses rues

    et dans la voie lactée - même s'ils ne savent pas

    que toute artère a son double entre les étoiles

    et si la terre se tait en chaque motte brune

    c'est qu'elle n'a jamais cessé de parler

    avec les langues des peuples vivants et des peuples morts

    ainsi que quelques uns l'ont perçu, épelant

    le vers grec ou russe - et ce n'est pas peu de choses non plus

    que les lèvres qui épellent et le doigt qui suit le texte

    soient faits d'argile ainsi qu'il a été dit.

     

    Paul de ROUX, Le front contre la vitre, Gallimard, 1993

     

     

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  • Djalâl-ud-​dîn RÛMÎ et la FLÛTE

    bambous,tiges,

     

    Écoute la flûte de roseau, écoute sa plainte

    Des séparations, elle dit la complainte :

    “Depuis que, de la roselière, on m’a coupée

    En écoutant mes cris, hommes et femmes ont pleuré

    Pour dire la douleur du désir sans fin

    Il me faut des poitrines lacérées de chagrin

    Ceux qui restent éloignés de leur origine

    Attendent ardemment d’être enfin réunis

    Moi, j’ai chanté ma plainte auprès de tous

    Unie aux gens heureux, aux malheureux, à  tous…"

     

    Djalâl-ud-​dîn RÛMÎ, Mathnawî, trad. L.Anvar, Entrelacs

     

     

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