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Poésie - Page 28

  • Claude ESTEBAN : TOUT RECOMMENCE

    ombre,

     

    Un pétale qui tombe

    et la douceur du mot

    soleil

    sont là sur cette table,

    tout

    a recommencé sans moi, sans

    que je sache

    où le sang a jailli, comme

    s'il faisait jour

    très loin, dans le dehors.

     

    Claude ESTEBAN, Le jour à peine écrit, Gallimard, 2006

     

     

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  • La LASSITUDE selon Jacques ABEILLE

    ardoise,

     

     

    Ébène bénin

     

    Dévoré par les marnes

    dévoyé par les mornes

    veilleur attentif sous les fougères arborescentes

    il scrute encore sa mémoire évidée

    où se love le serpent du soleil

    les glaires de la ville s'épanchent à ses pieds

    la soldatesque ivre

    les paillotes consumées

    il titube aveugle dans son sang

    à nuit close

    sous l'oxyde des voix

    bat

    l'éternel tambour de la lassitude

     

    Jacques ABEILLE, Petites proses plus ou moins brisées, Arfuyen, 2015

     

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  • Claude ESTEBAN DERRIÈRE la PORTE

    porte,cathédrale,

     

    Et derrière la porte, il y avait

    le rien ou plutôt

    la matière du rien, une épaisseur

    qui noyait tout et quand je franchissais

    le seuil, c'était le rien qui

    m'accueillait et j'aimais cette chute en moi

    dans un indéfini

    plus doux, plus vague où avoir mal

    ne signifiait que d'être

    là debout, près de la porte, sans savoir.

     

    Claude ESTEBAN, Le jour à peine écrit, Gallimard, 2006

     

     

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  • La NEIGE selon Gaspard HONS

    neige,pierre,

     

    Neige, le bleu du pauvre, le blé du pauvre. Moitié brasier, moitié langue fatiguée, telle une éternité de blancheur, tel un ravissement

     

    et un jardin paisible, le froid que je porterai jusqu'au fruit de l'abeille,

     

    dons d'un gel obscur

     

    Gaspard HONS, Les abeilles de personne, Le Taillis Pré, 2008

     

     

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  • René CHAR et le CHAGRIN

    eau,cascade,rivière,

     

    Je voudrais que mon chagrin si vieux soit comme le gravier dans la rivière : tout au fond. Mes courants n'en auraient pas souci.

     

    René CHAR, Le nu perdu, Gallimard, 1978

     

     

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  • René CHAR et l'AMOUR

    perruches,

     

    Les femmes sont amoureuses et les hommes sont solitaires. Ils se volent mutuellement la solitude et l'amour.

     

    René CHAR, Le nu perdu, Gallimard, 1978

     

     

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  • Les HEURES selon Jean-Marie BARNAUD

    ange,jardin,fleurs,

     

    Au cadran des horloges

    Qu'on avise de côté

    Ricochant sur les heures

    Craintif et courant toujours

    L'aiguille pèse sur les nombres

    Filant sa ronde

     

    Mais il se peut que ces heures soient fictives

    Et que par en-dessous

    Souriant à la façon d'un ange sans pouvoir

    Le temps s'ouvre

    Comme une plaine sans fin

     

    Elle resplendirait

    S'il faut en croire les Livres

    de ruisseaux et de fleuves de lait

    Elle porterait des baumes pour les blessures

    Et des philtres

    Pour flatter le temps des horloges

     

    Et tout serait toujours plus vaste

    Que le monde

     

    Jean-Marie BARNAUD, Sous l'imperturbable clarté, Gallimard, 2019

     

     

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  • L'ARTISTE selon Léon-Paul FARGUE

    arbre,tronc,branches,

     

    Cet importun dans la nature qu'est l'artiste est ici quelqu'un qui connaît ses feintes, un esprit chasseur, un braconnier, un sourcier, quelqu'un qui se baisse, qui travaille à même, et qui la suit étroitement pour la déranger dans son sens, et pour lui faire dire ce qu'elle ne voulait pas dire, et qu'elle pensait.

     

    Léon-Paul FARGUE, Épaisseurs, Gallimard, 1964

     

     

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