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Poésie - Page 30

  • Claude ESTEBAN en ÉTÉ

    jaune,bleu,été,céramique,

     

    Dans le dedans de l'été, il y a comme un noyau nocturne qui résiste. Un bloc de froid. Vous l'ignorez, vous qui passez trop vite. Vous vivez alentour. Vos yeux s'attachent aux reliefs dociles. Le soleil vous aveuglera. Il déjouera vos plans, vos promesses. Vous pourrirez contre la paille, avec vos fruits. Vous retournerez à la terre qui vous répugne. Vous serez ce morceau de gel qui dure dans un trou.

     

    Claude ESTEBAN, Le jour à peine écrit (1967 - 1992), Gallimard, 2006

     

     

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  • VIVRE selon Erri DE LUCA

    fleur,bouton,pollen,

     

    Vis en aventureux comme font les saints, les cigognes,

    vis en desséché comme fait l'herbe en cas de sécheresse,

    elle se blottit sous terre pour renaître sous l'averse.

    Vis en pollen gaspillé un million de fois

    sur les trottoirs, les cailloux et une seule par hasard dans l'ovaire.

    ....

     

    Erri DE LUCA, Aller simple, Gallimard, 2012, trad. D.Valin

     

     

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  • ÊTRE avec Gérard CHALIAND

    cercles,chaîne,

     

    Tu es avec moi dans les forêts de Guinée

    Tu es avec moi dans le delta du Fleuve Rouge

    Nous avons joué à saute-mouton sur les Andes

    Il n'est pas de pays où nous n'ayons rêvé ensemble

    dans la migration qui nous porte vers la même chute

    Ici s'arrête notre histoire

    Aucun enfant ne viendra au miroir,

    Moi, j'ai la force d'aller jusqu'au bout

    Pas de recommencer.

     

    Gérard CHALIAND, Feu nomade, Chambelland, 1972

     

     

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  • Gérard CHALIAND au MATIN

    matin,seringa,fleurs,

     

    Le miroir du matin s'ouvre pour mon coeur neuf

    le corps saisi de charmes oublie ses meurtrissures

    je me suis découvert toutes les folies

    je me suis rêvé roi.

    J'ai déchiré mes lèvres à des sources amères

    je jaillis des faubourgs

    forgé de barricades

    ma voix est sans écho je retombe

    souverain sans royaume gisant aux carrefours.

    ...

     

    Gérard CHALIAND, La marche têtue, Gallimard, 1959

     

     

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  • Olivier BARBARANT et la MÉMOIRE

    tronc,écorce,mousse,,

     

    ...

    Que dira-t-on plus tard de ces instants ?

    Sont-ils de ceux qui comptent ? De ceux qui ne comptent pas ?

    Je n'ai guère avancé : je me demande encore

    si l'on perd sa vie à la faire. J'en doute, mais la mémoire

    qui tient pour rien ces heures répétées,

    ne voit de vie qu'aux seuls moments

    où le langage a fui.

    ...

     

    Olivier BARBARANT, Un grand instant, Champ Vallon, 2019

     

     

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  • Claude ESTEBAN dans l'OMBRE

    forêt,pins,ombre,

     

    J'ai refermé, sans le finir, mon livre. Qu'importent les mots clairs ? Toutes les phrases lues parlaient d'un soleil immobile. Je n'ai pas vu l'ombre s'accroître sur le mur.

     

    Claude ESTEBAN, Le jour à peine écrit (1967 - 1992), Gallimard, 2006

     

     

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  • DEMAIN selon Claude ESTEBAN

    panneau,défense,entrer,,

     

    Demain n'est plus. C'est hier qui triomphe au pied des immortelles. Tout reprendre à rebours. Sans hâte, avec les mots. Danse, bel écureuil du temps, sur notre histoire. Saute d'un siècle à l'autre. Hop, l'infini ! Les vieux calculs griffonnés sur l'ardoise, comme ils s'effacent dans le cɶur d'un homme soudain nu.

     

    Claude ESTEBAN, Le jour à peine écrit (1967 - 1992), Gallimard, 2006

     

     

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  • L'ANCÊTRE selon Armand ROBIN

    épouvantail,jardin,terre,

     

    L'ancêtre

     

    Après une vie fragile, préoccupée,

    Je repose dans le paisible enclos des plantes.

    Je prends enfin des vacances parmi les grandes plantes

    Et parmi la terre qui ne bouge jamais.

     

    Les lierres, les orties, qui poussent spontanément,

    Sont mes complices.

    Ils me parlent de l'air que j'ai tant respiré

    Comme une chose à moi.

     

    Dans rien je ne suis plus pour rien ;

    Je vis de pensées sans origines,

    Sans avenir, sans souvenir.

     

    Je suis de nouveau compagnon de la force du limon.

    Moi qui me suis dressé sur les choses terrestres,

    Seigneur et maître,

    Elles s'étendent maintenant sur moi.

     

    Armand ROBIN, Le cycle du pays natal, La part commune, 2000

     

     

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