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Poésie - Page 34

  • Bernard NOËL dans l'INSTANT

    nuages,

     

    jeté vif dans l'instant précis le cœur flambe

    la tête brûle ses torchons de mémoire

    une fumée prend ciel et joue au nuage

    ici et là-bas s'enlacent au bout des yeux

    pur mouvement pour rendre le tu au tu

     

    Bernard NOËL, Le reste du voyage, POL, 1997

     

     

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  • Le DÉSIR selon Bernard NOËL

    rouge,bordeaux,

     

    attiré

    par quelque chose et cette chose est l'attente

    que j'en ai mon désir jeté dans l'absence

    y fait trembler les traces d'un nom ce nom

    accomplit en moi le travail qu'accomplit

    en l'air un battement d'aile silencieux

     

    Bernard NOËL, Le reste du voyage, POL, 1997

     

     

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  • Bernard NOËL et les MOTS

    lettres,mots,doigts,

     

    les mots se passeraient bien des choses comme

    les doigts des morts n'ont pas besoin d'être utiles

    le tonnerre au loin remue un tas de caisses

    vides les quatre ifs de la fontaine indiquent

    la direction de l'immobile la terre

    tourne sans faire crier l'air juste un rond

    remous bleu dans l'épaisseur d'on ne sait quoi

     

    Bernard NOËL, Le reste du voyage, POL, 1997

     

     

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  • Pierre ALFERI

    feuilles,soleil,figuier,

     

    Soleil, le grand -

    non pas le jour

    celui qui dure

    des plombes

    - le sec, ce coup

    irrévocablement léger.

     

    Pierre ALFERI, La voie des airs, POL, 2004

     

     

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  • Le LANGAGE selon Alejandra PIZARNIK

    neige,silhouettes,foule,,

     

    Nuit d'insomnie. J'ai pensé au langage avec tristesse. Pourquoi est-ce que j'écris ? J'ai répondu par cette scène imaginaire. Je vis au Tibet, seule, dans une cabane. Je ne parle jamais avec personne puisque j'ignore la langue de mes voisins. Écrire est ma plus grande ingénuité. C'est comme vouloir contenir ce qui déborde. Dans mon cas, c'est le rêve. Le silence, maîtrise surveillée. Écrire dès lors pour défendre tout cela. Pour mériter mon espace silencieux.

     

    Alejandra PIZARNIK, Journaux 1959-1971, trad. Anne Picard, José Corti, 2010

     

     

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  • Le SOIR selon Matthieu MESSAGIER

    couchant,soir,crépuscule,

     

    ...

    dans la maison le soir abrite

    ses provisions de voyages secs

     

    et les alluvions s'abreuvent aux renards ténébreux

    ...

     

    Matthieu MESSAGIER, Poèmes sans tain autres sauvageries, Flammarion, 2010

     

     

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  • L'ANIMAL selon Jean-Michel ESPITALLIER

    Jean-Michel ESPITALLIER,animal,

     

    ...

    La gabardine n'est pas un animal

    Le boqueteau n'est pas un animal

    La chevrotine n'est pas un animal

    L'arack n'est pas un animal

    Le pancréas n'est pas un animal

    Le drone n'est pas un animal

    La cuissarde n'est pas un animal

    L'aveuglette n'est pas un animal

    Le rotor n'est pas un animal

    La racaille n'est pas un animal

    ...

     

    Jean-Michel ESPITALLIER, Salle des machines, Flammarion, 2015

     

     

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  • Nelly SACHS dans les LOINTAINS

    montgolfière,couchant,crépuscule,

     

    Dans les lointains bleus

    où s'en va l'allée rouge des pommiers

    aux pieds racinaires montant à l'assaut du ciel,

    la nostalgie est distillée

    pour tous ceux qui vivent dans la vallée.

     

    Le soleil, couché au bord du sentier

    avec des baguettes magiques,

    impose une halte aux voyageurs.

     

    Ils s'immobilisent

    dans le cauchemar de verre,

    tandis que le grillon finement gratte

    à la porte de l'invisible

     

    et la pierre en dansant

    métamorphose en musique sa poussière.

     

    Nelly SACHS, Exode et métamorphose, trad. Mireille Gansel, Verdier, 2002

     

     

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