Qu'elle bouge enfin, cette
branche,
qu'il y ait du vent, du bruit,
ailleurs, partout
hors de la chambre.
Claude ESTEBAN, Étranger devant la porte I Variations, Léo Scheer, 2001
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Qu'elle bouge enfin, cette
branche,
qu'il y ait du vent, du bruit,
ailleurs, partout
hors de la chambre.
Claude ESTEBAN, Étranger devant la porte I Variations, Léo Scheer, 2001
Minéral endormi, écoute
mieux,
tout le bruit
de la mer
tremble dans tes coquilles.
Claude ESTEBAN, Étranger devant la porte I Variations, Léo Scheer, 2001
Les livres et les sources
Celui qui, sourd au monde
S'enivre de connaissances
En voyant dans les pages
Passer le rire, les rives
De ses premiers amis ruisseaux,
Si vifs qu'il y rafraîchit ses doigts,
Il retrouve lorsqu'il met la tête dans les fougères
La source des livres ;
Et les lettres grisonnantes des eaux de fontaine
Et les gouttes qui font la pluie calme dans les livres
Lui sont le même repos
Mouillé d'enfance du monde
Et sa tête, même fatiguée, ne logera pas fatigue
Armand ROBIN, Le cycle du pays natal, La part commune, 2000
pluie endormie pluie
endormi
qui me réveille
parce que mon sommeil n'est plus
à la hauteur de nos nuits
ni des rêves où je cours sans effort
apparent et que ce qui luit
tout là-haut
a le même air que ce qui luisit
- passé simple -
entre les deux rangées de peupliers
noirs de notre royaume à Lucques
"la pluie d'exister"
comme un dernier recours
Bernard CHAMBAZ, Et, Flammarion, 2020
Ce soir
ce qui reste
du soleil
ne me concerne plus
je me contente
et tout le corps ancien
d'une brûlure.
Claude ESTEBAN, Étranger devant la porte I Variations, Léo Scheer, 2001
Pas même eu le temps de me tenir parmi les prés,
ni de m'offrir pleinement à la tendre écume,
et te voici déjà, vent mauvais.
Charles REZNIKOFF, Poèmes (1920), trad. E.Antonnikov et J.Silberstein, Héros-Limite
Ces années gaspillées, comme si j'étais immortel,
ces nuits passées à parler
mots flamboyants, parfois, comme lucioles dans le noir -
scintillant, s'éteignant et pour finir, plus de lumière.
Charles REZNIKOFF, Poèmes (1920), trad. E.Antonnikov et J.Silberstein, Héros-Limite
Oublier le langage,
pour être aussi agile
que le nageur qui oublie l'eau.
Pour être aussi sage
que le sage assis dans l'oubli.
Le corps qui flotte comme du bois mort,
le cœur aussi léger que des cendres
et les flots si faciles à descendre,
quand on est dans les remous du temps
comme un poisson dans l'eau.
Gérard MACÉ, Filles de la mémoire, Gallimard, 2007