Ce soir
ce qui reste
du soleil
ne me concerne plus
je me contente
et tout le corps ancien
d'une brûlure.
Claude ESTEBAN, Étranger devant la porte I Variations, Léo Scheer, 2001
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Ce soir
ce qui reste
du soleil
ne me concerne plus
je me contente
et tout le corps ancien
d'une brûlure.
Claude ESTEBAN, Étranger devant la porte I Variations, Léo Scheer, 2001
Pas même eu le temps de me tenir parmi les prés,
ni de m'offrir pleinement à la tendre écume,
et te voici déjà, vent mauvais.
Charles REZNIKOFF, Poèmes (1920), trad. E.Antonnikov et J.Silberstein, Héros-Limite
Ces années gaspillées, comme si j'étais immortel,
ces nuits passées à parler
mots flamboyants, parfois, comme lucioles dans le noir -
scintillant, s'éteignant et pour finir, plus de lumière.
Charles REZNIKOFF, Poèmes (1920), trad. E.Antonnikov et J.Silberstein, Héros-Limite
Oublier le langage,
pour être aussi agile
que le nageur qui oublie l'eau.
Pour être aussi sage
que le sage assis dans l'oubli.
Le corps qui flotte comme du bois mort,
le cœur aussi léger que des cendres
et les flots si faciles à descendre,
quand on est dans les remous du temps
comme un poisson dans l'eau.
Gérard MACÉ, Filles de la mémoire, Gallimard, 2007
Ex 6
Comment aller
malgré la promesse
dans le creux d'oreilles étouffées de fatigue
et comment gagner sa libération
les lèvres scellées
obstruées de chair
devant les soupirs des générations
comme une mer fermée
obstinément
dans son lunaire bégaiement ?
L'allégorie au détour d'une phrase, les statues sur nos places, les calvaires au bord des chemins.
Figures qui se dressent, pour nous rappeler que la station debout et la pensée sont nées d'un même élan.
Gérard MACÉ, Filles de la mémoire, Gallimard, 2007
...
l'oubli est comme l'air
la mémoire comme l'ombre
d'un arbre absent
...
Bernard NOËL, La moitié du geste, Fata Morgana, 1982
...
J'ai rêvé d'un poème dont je ne dis que le désir
La tragédie dont on rira
D'un signe qui ne s'est pas fait chair
Il n'en restera donc sur le quai des adieux que ce chiffon secoué
À l'aube des renoncements dans le brouillard des départs ce geste d'un dément
Qui se voulant un dieu comme tout un chacun ne le fut que très peu
Ou seulement entre vos bras.
Olivier BARBARANT, Un grand instant, Champ Vallon, 2019