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Poésie - Page 37

  • Jacqueline RISSET et les CIGALES

    ombre,cigales,gris,

     

    Cigales

     

    le temps crié par les cigales

    est séparé de tout

    protégé de tout autre

     

    exposé jusqu'à l'os

    corps

    âme

     

    résolus en cri

    rythmes créatures divines

     

    plus que musique

    rythme

     

    avec le bruit

    ou cri impersonnel

     

    qui ne crie pas

    - chante ?

     

    frottement d'élytres

    le premier bruit :

     

    allumage du feu dans la nuit des temps

     

    Nous y sommes :

    ici l'instant est le temps aboli

    insecte sec

     

    portant ainsi toute l'histoire

    et l'humanité commençante

    - finissante ?

     

    Jacqueline RISSET, Les instants, Farrago, 2000

     

     

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  • La BOUCHE de Claude ESTEBAN

    feuille,bouche,poisson,rouge,

     

    Au premier mot

    j'ai compris que je faisais fausse route

    dans ma bouche.

     

    Claude ESTEBAN, Morceaux de ciel, presque rien, Gallimard, 2001

     

     

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  • Jean FOLLAIN et les PAROLES

    feuille,nervures,

     

    Paroles

     

    On parlait d'amours prétendues

    à l'ancienne table

    où travaillaient les vers

    sur le fourneau le fer chauffait

    la lentille cuisait sombre

    par la porte ouverte

    la beauté du feuillage amer

    et des oiseaux à gorge rouge

    devant les mots humains

    que gouvernait une syntaxe éprouvée

    resplendissait.

     

    Jean FOLLAIN, Territoires, Gallimard,1953

     

     

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  • Sous le SABOT de Jean FOLLAIN

    cheval,sang,sabot,

     

    Les siècles

     

    Regardant la marque du sabot

    de son cheval de sang

    le cavalier dans cette empreinte contournée

    où déjà des insectes préparaient leur ouvroir

    devina la future imprimerie

    puis pour lui demander sa route

    il s'approcha du charpentier

    qui près d'une rose

    en repos contemplait la vallée

    et ne lirait jamais de livres.

     

    Jean FOLLAIN, Territoires, Gallimard,1953

     

     

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  • Claude ESTEBAN dans le VENT

    feulles,vent,

     

    Que tout soit léger, qu'il y ait à peine

    un peu de vent

     

    et qu'il nous emporte comme ces pollens

    que les arbres perdent

     

    que nos âmes

    se dispersent dans l'espace

     

    et qu'un jour quelqu'un sache

    que nous avons vécu

     

    en respirant une fleur quelconque.

     

    Claude ESTEBAN, Morceaux de ciel, presque rien, Gallimard, 2001

     

     

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  • La VIEILLESSE selon Claude ESTEBAN

    vieillesse,arbre,

     

    C'est si facile

    de mourir,

    je veux qu'on vieillisse comme un arbre.

     

    Claude ESTEBAN, Morceaux de ciel, presque rien, Gallimard, 2001

     

     

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  • Ludovic JANVIER CHANTE

    ombre,chanter,

     

    ...

    et que ça jazze ou rocke ou valse au ras de l'enragé

    qui cherche la saignée d'azur par où sortir

    lorsque je veux chanter ça n'est jamais tout à fait ça

    ma voix d'infirme court après la voix loin devant moi

    je suis le fredonneur têtu d'un air jamais fini

    un peu faux toujours (le vrai me reste dans la gorge)

    je suis le clown d'un récital inoubliable

    dont voici les paroles veuves et le bégaiement

     

    Ludovic JANVIER, Doucement avec l'ange, L'arbalète Gallimard, 2001.

     

     

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  • Ludovic JANVIER RESPIRE

    respirer,arbre,feuillage,

     

    On prend le temps de respirer toute la dormeuse

    mais sur une passante on se retourne déchiré

    d'un seul coup par ce sourire imprévisible

    surgi d'enfance en souvenir d'on ne sait quoi

    un sourire venu à fleur et resté comme une ombre

    offerte et retirée à tous les promeneurs

    ...

     

    Ludovic JANVIER, Doucement avec l'ange, L'arbalète Gallimard, 2001.

     

     

    Que 2020 vous soit riche de respiration, de passant(e)s et de sourire !

     

     

     

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