
Le soleil claironne l'approche du soir
embrase la barbe des nuées.
Encore un jour laissé
de l'autre côté du temps.
Qui ne le sait ?
Seul le lilas étourdi
écoute la mort des abeilles sans pâlir
Gisèle PRASSINOS, L'instant qui va, Folle Avoine, 1985
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Le soleil claironne l'approche du soir
embrase la barbe des nuées.
Encore un jour laissé
de l'autre côté du temps.
Qui ne le sait ?
Seul le lilas étourdi
écoute la mort des abeilles sans pâlir
Gisèle PRASSINOS, L'instant qui va, Folle Avoine, 1985

...
Aujourd'hui je tâte mon menton en fuite
et dans ces pantalons éphémères je me dis :
Tant de vie et jamais !
Tant d'années et toujours mes semaines !...
Mes parents enterrés sous leur dalle
et leur triste raidissement qui n'en finit pas ;
des frères, mes frères et leur portrait en pied,
et moi-même, enfin, debout et en gilet.
...
César VALLEJO, Poèmes humains, 1923-37, Seuil (trad. Fr.Maspero, 2011)

Guy LIMONE, Jeux de balles, jeux de ballons, Musée de Tessé, 2020.
Ne va pas si droit si vite si sûr
la terre t'oubliera.
Il n'y a rien dans le soir
où tu cours déposer ta fatigue
montrer la civière de tes bras.
...
Gisèle PRASSINOS, L'instant qui va, Folle Avoine, 1985

Combien de temps a duré l'anesthésie, comme la nomment les hommes ? Science de Dieu, Théodicée ! Si je dois vivre dans de telles conditions, totalement anesthésié, ma sensibilité retournée comme un gant, ah, docteurs des sels, hommes des essences, habitués de l'élémentaire, je demande qu'on me laisse avec la tumeur de ma conscience, avec la lèpre à vif de mes sens, quoiqu'il puisse m'en coûter, y compris ma mort ! Laissez-moi avoir mal, si vous voulez, mais laissez-moi éveillé, avec tout l'univers présent, même pour le pire, dans ma température explosée.
César VALLEJO, Poèmes humains, 1923-37, Seuil (trad. Fr.Maspero, 2011)

presque totale obscurité la forme
de son visage tenu le fouet
des cheveux tressés elle sort
de la douche se sèche
étendue dans la nuit des jours les plus longs
ceux du foin des légers coups de tiges
sur la peau les frissons font venir
l'envie de se mettre sur le côté
de l'homme l'ourlet des fesses bien contre lui.
Thierry LE PENNEC, Un pays très près du ciel, Le dé bleu, 2005

Je partirai d'un bloc de terre, j'aurai les mains sales, mouillées, je me passerai un doigt sur la figure au pourtour des yeux inondables, je partirai d'un bloc de pierre, j'enlèverai des morceaux au hasard, je creuserai des tunnels, un angle, trois soupirs. Je rejoindrai un centre approximatif, mes mains dans le seau boueux, en pleine matière.
Je partirai de l'homme et curieusement tout deviendra facile.
Isabelle PINÇON, C'est curieux, Cheyne, 1995

Est-ce le jour que tu dors debout
à raconter des histoires qui rôdent
en compagnie de l'impossible à dire
alors que la nuit sans pouvoir oublier
paralysé par le trop tard
tu sues d'angoisse en égrenant les heurs
qui fabriquent le temps perdu
en attendant que la clarté se fasse
en attendant d'être avec les mots
au pays du jour qui se lève
en attendant la note juste
en attendant
Ludovic JANVIER, Une poignée de monde, Gallimard, 2006

cette nuit elle fut
cobra dressé
sur un panier de fesses
la langue dardant
une danse les étoiles
jusqu'au bout des nerfs
irisés la décharge
comme des crocs le venin
vital.
Thierry LE PENNEC, Un pays très près du ciel, Le dé bleu, 2005