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Poésie - Page 43

  • Louise BROOK selon Constantin KAÏTERIS

    noir,blanc,courbe,

     

    LOUISE BROOK

     

    Entièrement dessinée

    à première vue

    en lignes dures et courbes

    femme-fille fatale à soi

    claquant la porte muette

    d'une carrière minée d'impératifs

    De la necessité du silence

    s'envole un sphinx soudain

    parlant

    entre les vertiges du noir

    et les vestiges du blanc

     

    Constantin KAÏTERIS, Héroïnes, Les vanneaux, 2012

     

     

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  • La MÉMOIRE selon Jean PORTANTE

    trace,pattes,mouette,

     

    ...

    dès l'origine c'est la mémoire qui s'enfuit

    & la poussière qui descend comme de la poussière & dit

    me voici enfin sur terre

    ...

     

    Jean PORTANTE, Ex-odes Poèmes cubains, Phi, 1991

     

     

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  • L'ARBRE selon Roberto JUARROZ

    arbres,forêt,feuillage,

     

    Un arbre est la forêt.

    S'étendre sous son feuillage,

    c'est écouter tout le son,

    connaître tous les vents

    de l'hiver et de l'été,

    recevoir toute l'ombre du monde.

     

    S'arrêter sous ses branches sans feuille,

    c'est réciter toutes les prières possibles,

    faire taire tous les silences,

    avoir pitié de tous les oiseaux.

     

    Rester debout à côté de son tronc,

    c'est élever toute la méditation,

    réunir tout le détachement,

    deviner la chaleur de tous les nids,

    rassembler la solidité de tous les doutes.

     

    Un arbre est la forêt.

    Mais pour cela il faut

    qu'un homme soit tous les hommes.

    Ou aucun.

     

    Roberto JUARROZ, Dixième poésie verticale, Trad. F.M.Durazzo, Corti, 2012

     

     

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  • La PERFECTION selon Jean PORTANTE

    lézard,verre,cercle,

     

    que de choses parfaites dans le seul fait d'être

    d'être de voir de pouvoir

    d'être de parler toujours de se taire

    taire si en nous la trace du crépuscule est crépusculaire

    si les nuages à peine allumés pressentent le ciel

    si la terre tremble d'être

    ...

     

    Jean PORTANTE, Ex-odes Poèmes cubains, Phi, 1991

     

    Quelle que soit la couleur de votre gilet,
    que 2019 soit l'année du pouvoir d'être !

     

     

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  • Les LIMITES selon Roberto JUARROZ

    Roberto JUARROZ,pensées,dieux,limiter,rideaux,ombres,

     

    ...

    N'y aurait-il pas aussi des pensées

    qui existent seulement pour qu'on s'y heurte ?

    N'y aurait-il pas aussi des dieux

    qui existent seulement pour limiter l'infini ?

    ...

     

    Roberto JUARROZ, Dixième poésie verticale, Trad. F.M.Durazzo, Corti, 2012

     

     

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  • Janis JOPLIN selon Constantin KAÏTERIS

    ourse,blanc,

     

    JANIS JOPLIN

     

    D'une massive fragilité

    de ne pas être noire

    mais justifiée, vérité rauque,

    dans le cliquetis des bracelets

    chamaniques

    et au travers des rêves

    nocturnes ou chimiques

    et des rêves de travers

    - Amérique

    quelle voiture peinte es-tu ? -

    Ourse qui danse

    sur la braise étoilée

     

    Constantin KAÏTERIS, Héroïnes, Les vanneaux, 2012

     

     

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  • Roberto JUARROZ et les MOTS

    terre cuite,carrés

     

    ...

    Il a marqué certains mots.

    Il a cru certains mots.

    Il a créé certains mots.

    Nous ne les oublierons pas.

    Ne pas oublier est la manière

    de continuer à marquer à jamais

    les mots et le monde.

     

    (à Federico García Lorca)

     

    Roberto JUARROZ, Dixième poésie verticale, Trad. F.M.Durazzo, Corti, 2012

     

     

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  • Roberto JUARROZ et les GESTES ABSURDES

    reflet,gris,miroir,

     

    Les gestes absurdes,

    les discours absurdes,

    ceux qui déforment le visage dans le miroir

    ou le miroir devant le visage,

    ne résolvent pas le monde,

    mais ils consolent parfois

    de l'ennui nauséeux

    de ce grand non-sens

     

    Les gestes absurdes,

    les discours absurdes,

    sont justement le sens

    là où il n'existe pas.

     

    Une grimace devant le miroir,

    une distorsion dans le langage

    ou un rictus au fond de dieu ou de l'homme

    redresse au moins la tige

    qui souvent soutient une fleur

    dont le soleil ne se souvient pas.

     

    Roberto JUARROZ, Dixième poésie verticale, Trad. F.M.Durazzo, Corti, 2012

     

     

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