La poésie de Paul-Jean TOULET était critiquée pour être un peu trop prévisible. On la jugeait trop chargée de lieux communs.
À quoi objectait Tristan DERÈME que le lieu commun est celui que nous habitons tous..
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La poésie de Paul-Jean TOULET était critiquée pour être un peu trop prévisible. On la jugeait trop chargée de lieux communs.
À quoi objectait Tristan DERÈME que le lieu commun est celui que nous habitons tous..
Un vieux numéro d'Action Poétique, le 185 exactement, offre un panorama de la poésie de Belgique, des deux côtés de la frontière linguistique.
Au rayon Flamand, ce texte de Peter THEUNYNCK, traduit par Reine Meylarts:
Chaussures magnétiques
Maintenant je mets mes chaussures
Magnétiques, m'installe derrière
Le clavier de mon traitement
De texte et regardez:
Je dérobe mes mots
A la gravitation, voyez
Les phrases monter au soleil
Mais osent-elles s'approcher
Trop près de la lumière
Alors elles fondent
et éclatent
mot
par
mot
en morceaux
fragments
difficiles à ressouder
avec la blancheur du papier
Ma foi, tout est dit!
(à noter toutefois que la coquille qui s'est glissée sur la quatrième de couverture a pu être éradiquée à temps).
L'un des plus fameux recueils de la poésie classique du Japon, composé au XIIIème siècle, et publié sous le nom de Hyakunin isshu, donne à lire les auteurs les plus fameux dont, particularisme nippon, certains occupaient de fort respectables grades dans l'administration impériale.
On y trouve ainsi des textes signés le Moyen Conseiller Surnuméraire Atsutada, le préfet de la Ville Gauche Akisuké, ou Horikawa, dame d'honneur de Taïkenmon in.
Peut-être la vie publique française aurait-elle plus de tenue si s'adonnaient davantage à la poésie le Premier Magistrat de l'Agitation Médiatique, le Ministre de l'Identité Sans Tache, ou Madame l'Argentière aux Pièces Jaunes.
La revue N4728 propose ce texte, pour nous faire découvrir Sylvie LALIBERTÉ, artiste québecoise:
Je suis allée visiter ma tante Rosina, âgée et à l'hôpital.
Elle m'a demandé:
«À quoi bon vivre si longtemps? »
Je n'avais pas la réponse mais j'avais apporté
du chocolat.
Un poème à conserver dans ses tablettes.
Dans le n°15 de la revue N4728, Jean-Pierre SIMÉON en appelle à une pratique de la poésie moins craintive d'elle-même:
« ... sera-ce si sot d'affirmer qu'au sein des processus sociaux la poésie manifeste (pour ce qu'elle est, non ce qu'elle dit), une objection aux usages détériorés de la langue, qu'elle indique le chemin d'une émancipation intellectuelle et affective possible dans et par la langue, qu'elle est l'éloge inconfortable de la complexité dans la saisie du réel, et que par la radicalité même de sa prise de parole qui cherche, même maladroitement, une vérité nue, elle suscite chez qui la rencontre un sursaut de conscience? Nous n'aurions plus rien d'humain si le langage en nous devenait tout à fait servile, disait Bataille. Voilà la fonction du poète telle que son urgence se définit aujourd'hui: donner les preuves d'une liberté sans compromis dans le langage pour préserver l'humain - puisqu'aujourd'hui, par mille canaux sophistiqués, un langage servile pénètre en nous, qui sature la conscience de sens impératifs. »
En gras, ce qui provoque en moi une revancharde jubilation (privilège du blogueur, jubilant d'autant plus que cette note est la 300ème, écrite Sur du Vent).
Extrait d'un poème de Dennis NURKSE, traduit de l'américain par l'auteur et Laurent GRISEL:
Mon père mourut.
Je m'assis près de ma mère
à écrire des mots à la famille.
Elle écrivait les adresses, je fermais les enveloppes.
Cette responsabilité était mienne.
Si je léchais trop longuement
nos noms pourraient s'effacer -
trop vite et la carte
pourrait glisser dehors
et un étranger pourrait la voir.
"C’est la poésie qui vous tient par la main, le temps d’un poème. Le poète n’existe pas. Car il n’a aucun pouvoir sur la poésie. (Un sabotier mérite d’être appelé sabotier en ce qu’il a le pouvoir de faire des sabots quand il décide de se mettre à son établi.)"
(Paul de Roux, Au jour le jour, 3, Carnets 1985-1989, Ed. Le temps qu’il fait)
On peut aussi, au contraire, voir le poète comme un artisan consciencieux.
Et dès lors, la grâce, l'inspiration s'évanouissent. Ne reste que le labeur.
Et ce n'est plus la poésie qui prend le poète sur son aile, mais l'homme qui se fait, en même temps que son oeuvre.