Chaque jour
la vie se pose
sur l'œil qui s'ouvre.
Perle en liberté
il faut la prendre au filet
courir
même sans appétit
avec les os froids du matin.
Gisèle PRASSINOS, L'instant qui va, Folle Avoine, 1985
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Chaque jour
la vie se pose
sur l'œil qui s'ouvre.
Perle en liberté
il faut la prendre au filet
courir
même sans appétit
avec les os froids du matin.
Gisèle PRASSINOS, L'instant qui va, Folle Avoine, 1985
discours
lignes sinueuses
vérité
du poème
point nommé
Transmettre sur le papier la voix vivante, c'est, en la figeant dans ce qu'elle comporte de singulier et d'occasionnel, la tuer. "La nature, disait Merab, ne produit pas des hommes. C'est toujours d'une seconde naissance que nous naissons vraiment... Dante disait, dans une belle formule, que la progéniture comme telle n'a pas d'âme. Qu'est-ce donc qui donne l'âme ? - La parole !"
Jean-Pierre VERNANT, Socrate Géorgien, Œuvres II, Seuil, 2007.
le latin
brillant
revenu
par l'anglais
enfant prodigue
Tout cela était bien beau, mais moi, j'avais l'impression que, pendant ce temps, mon frère n'était pas simplement devenu complètement fou, mais qu'il était en train de devenir légèrement imbécile, chose autrement plus grave et plus douloureuse, parce que la folie est une force de la nature, dans le bien ou dans le mal, tandis que l'imbécillité est une faiblesse de la nature, sans la moindre contrepartie.
Italo CALVINO, Le baron perché, 1957 (trad. M. Rueff, Folio 2018)
Dieu
avec la terre
donne l'éternité des guerres
le lait
caillé dès le regard de la mère
et le miel
dans la perte des abeilles
Il donne des querelles
qu'emporte le glas
sur le carillon
des murs
d'où l'ombre fraîche doit s'effacer
sous la ronce
Le soleil claironne l'approche du soir
embrase la barbe des nuées.
Encore un jour laissé
de l'autre côté du temps.
Qui ne le sait ?
Seul le lilas étourdi
écoute la mort des abeilles sans pâlir
Gisèle PRASSINOS, L'instant qui va, Folle Avoine, 1985
Les voyageurs sont absents
de leur voyage
Des mots meurent derrière leurs barreaux
achoppant sur leur butée, noire et carrée
Des billes font une pluie de couleurs
acidulée et incessante
La rêverie renonce à s'agripper
de poteau télégraphique en poteau télégraphique
Les carrés des prés échouent
à tisser un paysage
Ce train
où chacun s'affaire à ses feintes
ne destine à aucun lieu
C'est un train qui tourne
sur le temps
en forme de point