plus au bois
après Debussy
la vie moderne
métal
encore chaud
incandescent
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plus au bois
après Debussy
la vie moderne
métal
encore chaud
incandescent
Peuples de la terre
vous qui avec la force des astres inconnus
vous enroulez comme des écheveaux,
vous qui cousez et redéfaites ce qui a été cousu,
vous qui vous élevez dans la confusion des langues
comme dans des ruches
pour piquer
dans l'exquise douceur
et être piqués -
Peuples de la terre,
ne détruisez pas l'univers des paroles,
ne découpez pas avec les couteaux de la haine
le son qui fut enfanté en même temps que le souffle.
Peuples de la terre,
Ô que nul ne pense mort quand il dit vie -
et nul ne pense sang quand il pense berceau -
Peuples de la terre,
laissez les paroles à leur source,
car ce sont elles qui peuvent faire avancer
les horizons dans les vrais ciels
et de leur face cachée,
tel un masque derrière lequel bâille la nuit,
aider à enfanter les étoiles -
Nelly SACHS, Éclipse d'étoile, trad. M.Gansel, Verdier, 1999
Ni déluge ni verre d'eau, en menace sur l'équilibre du monde ou sur les tergiversations du faible
la noyade nous happe, d'un pôle à l'autre, des troubles de l'Amazone aux leurres de l'Océan Pacifique
l'air nous fait défaut, et la terre échappe sous nos pieds, de n'être plus regardée la nature souffre, et se cabre
pleins poumons
mélodie
sans parole
air
entre les dents
...
Personne ne sait plus la chute sans bruit des pétales
depuis que tombe des airs la mort savamment inventée -
...
Nelly SACHS, Éclipse d'étoile, trad. M.Gansel, Verdier, 1999
Je peux respirer, nul n'a plaqué mes mains sur un mur de briques ni mes épaules sur le macadam
ma gorge encore peut happer l'air en échange de mes voyelles et toutes leurs couleurs échappées
Elles sont tout l'espace nécessaire à la libération du mouvement, délivré de tous ses carcans
Par le pas du laboureur, par la table où s'écrivent d'autres terres, l'horizon est un enfant qu'il s'agit d'élever
Il faut que s'y dressent tous les possibles du champ, l'exubérance de toutes ses verdeurs et de toutes ses verticalités
que de la semence infime des mots sur le papier, montent les images jusqu'au tonnerre soudain d'une parole
Ô toi
vague inquiète venue du port des astrologues de Chaldée
et qui dans nos veines continues à chercher
pleine de larmes, son océan.
Ô Abraham,
les horloges de tous les temps,
elles qui parcourent les clartés solaires et lunaires,
tu les as mises à l'heure de l'éternité -
...
Nelly SACHS, Éclipse d'étoile, trad. M.Gansel, Verdier, 1999