
jeté vif dans l'instant précis le cœur flambe
la tête brûle ses torchons de mémoire
une fumée prend ciel et joue au nuage
ici et là-bas s'enlacent au bout des yeux
pur mouvement pour rendre le tu au tu
Bernard NOËL, Le reste du voyage, POL, 1997
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jeté vif dans l'instant précis le cœur flambe
la tête brûle ses torchons de mémoire
une fumée prend ciel et joue au nuage
ici et là-bas s'enlacent au bout des yeux
pur mouvement pour rendre le tu au tu
Bernard NOËL, Le reste du voyage, POL, 1997

fin de la plage
déjà
le flux
du morceau suivant

quatre garçons
dans les clous
et dans le vent
de l'époque
tourbillonnant

attiré
par quelque chose et cette chose est l'attente
que j'en ai mon désir jeté dans l'absence
y fait trembler les traces d'un nom ce nom
accomplit en moi le travail qu'accomplit
en l'air un battement d'aile silencieux
Bernard NOËL, Le reste du voyage, POL, 1997

La neige était là, comme pour protéger la blancheur fraternelle des poissons crus du désastre des gommes
sans préséance ni jalousie, le premier meurtre n'aura pas lieu et l'Histoire hésitera à lancer sa ligne
les fenêtres diffusant une lumière de fête où la lumière seule témoigne de la fête sans tout le plomb des basses
Les cigarettes maintenaient au dehors le chaud et froid des vies humaines ordinaires qu'on n'avait pas invitées
pour mieux savourer chaque palpitation et leur avalanche en écho aux flancs d'un animal pris de frissons
ou par la peur qu'en revenant les couleurs n'avalent à la façon de flammes le pas du funambule miraculeux

les mots se passeraient bien des choses comme
les doigts des morts n'ont pas besoin d'être utiles
le tonnerre au loin remue un tas de caisses
vides les quatre ifs de la fontaine indiquent
la direction de l'immobile la terre
tourne sans faire crier l'air juste un rond
remous bleu dans l'épaisseur d'on ne sait quoi
Bernard NOËL, Le reste du voyage, POL, 1997

La question du point médian n'est pas directement liée à la langue. Elle est une manière de faire un raccourci graphique. Ce qui est problématique, c'est que cette complexification de la technique d'écrit, de visibilité et de visualisation est détachée de la langue.
Gilles SIOUFFI, Lire l'article, 26 février 2021

De toute la gouache qui signe les années, les visages s'épaississent, de couleurs et de profils jamais vus
d'autres accueillent l'épigraphe tracée au burin, qui place la bouche entre parenthèses et les yeux sur des voies divergentes
mais ce marbre même peut bifurquer, dérailler de son éternité pour se mirer à s'y complaire bien en deçà de l'âge du Christ
et le démon n'attend pas quatorze heures, il pose ses collets où se prend l'eau douce échappée des fontaines de jouvence
son Sud, à petite vitesse, fait fondre la croûte de neige des bas-côtés jusqu'au quai de la gare dans le flou du départ et de l'arrivée