Entre vin sous vos pieds et récoltes au-dessus de vos plafonds, ne vous laissez pas griser
De la cave au grenier ne voyez pas votre corps, et pas votre vie dans le pain et le vin
qui ne sont que grains, vapeurs, poussières
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Entre vin sous vos pieds et récoltes au-dessus de vos plafonds, ne vous laissez pas griser
De la cave au grenier ne voyez pas votre corps, et pas votre vie dans le pain et le vin
qui ne sont que grains, vapeurs, poussières
rumeurs de tête, une rivière me traverse
c'est la vie qui m'échappe
l'épanchement rêvé du temps
les yeux clos, j'entends la voix des pêcheurs
le son des cloches, tout en pampre musical
quelle fraîcheur à travers moi
Hubert HADDAD, Oxyde de réduction, Dumerchez, 2007.
Fini, dira un jour notre mère Nature,
fini de rire et de pleurer, mon enfant
et recommencera à nouveau la vie sans bornes
qui ne voit pas, qui ne parle pas, qui ne pense pas.
Nâzim HIKMET, Il neige dans la nuit et autres poèmes, Poésie-Gallimard 1999.
mais nous
ne faisons que suivre
des traces
nous-mêmes ne sommes
que des traces
de la vie
c'est pourquoi il nous faut tant
nous tenir pour ne pas nous perdre
tant entendre ce qu'on dit
sans savoir
tant voir ce qu'on
cotoie sans le voir et moins
on reconnaît l'invisible
plus on devient invisible
Henri MESCHONNIC, Je n'ai pas tout entendu, Dumerchez, 2000.
La vie prend sa leçon
du mouvement de ce qui ne vit pas :
des constances de l'eau,
des décisions du vent,
des rythmes muets d'une pierre.
La vie prend sa leçon
des mouvements plus assurés qu'elle.
Roberto JUARROZ, Poésie verticale, Trad. R. Munier, Points Poésie Fayard, 1989.
...
Coûteuse idée, la vie.
On affrète un monde
pour faire le tour d'une barque.
Kiki DIMOULA, Je te salue Jamais, 1988,
Poésie-Gallimard, 2010, Trad. Michel Volkovitch.
Say it with music
Les bracelets d'or et les drapeaux
les locomotives les bateaux
et le vent salubre et les nuages
je les abandonne simplement
mon coeur est trop petit
ou trop grand
et ma vie est courte
je ne sais quand viendra ma mort exactement
mais je vieillis
je descends les marches quotidiennes
en laissant une prière s'échapper de mes lèvres
À chaque étage est-ce un ami qui m'attend
est-ce un voleur
est-ce moi
je ne sais plus voir dans le ciel
qu'une seule étoile ou qu'un seul nuage
selon ma tristesse ou ma joie
je ne sais plus baisser la tête
est-elle trop lourde
Dans mes mains je ne sais pas non plus
si je tiens des bulles de savon ou des boulets de canon
je marche
je vieillis
mais mon sang rouge mon cher sang rouge
parcourt mes veines
en chassant devant lui les souvenirs du présent
mais ma soif est trop grande
je m'arrête encore et j'attends
la lumière
Paradis paradis paradis
Philippe SOUPAULT, Georgia, 1926.
À certaines heures, je retombe sur ce que j'ai déjà écrit parce que l'essentiel ne bouge pas, ou peu. C'est la vie qui dure trop.
Antoine ÉMAZ, in revue 303 n° 123 "Écrivain... Et à part ça, vous faites quoi ?".