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roberto juarroz

  • L'ARBRE selon Roberto JUARROZ

    arbres,forêt,feuillage,

     

    Un arbre est la forêt.

    S'étendre sous son feuillage,

    c'est écouter tout le son,

    connaître tous les vents

    de l'hiver et de l'été,

    recevoir toute l'ombre du monde.

     

    S'arrêter sous ses branches sans feuille,

    c'est réciter toutes les prières possibles,

    faire taire tous les silences,

    avoir pitié de tous les oiseaux.

     

    Rester debout à côté de son tronc,

    c'est élever toute la méditation,

    réunir tout le détachement,

    deviner la chaleur de tous les nids,

    rassembler la solidité de tous les doutes.

     

    Un arbre est la forêt.

    Mais pour cela il faut

    qu'un homme soit tous les hommes.

    Ou aucun.

     

    Roberto JUARROZ, Dixième poésie verticale, Trad. F.M.Durazzo, Corti, 2012

     

     

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  • Les LIMITES selon Roberto JUARROZ

    Roberto JUARROZ,pensées,dieux,limiter,rideaux,ombres,

     

    ...

    N'y aurait-il pas aussi des pensées

    qui existent seulement pour qu'on s'y heurte ?

    N'y aurait-il pas aussi des dieux

    qui existent seulement pour limiter l'infini ?

    ...

     

    Roberto JUARROZ, Dixième poésie verticale, Trad. F.M.Durazzo, Corti, 2012

     

     

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  • Roberto JUARROZ et les MOTS

    terre cuite,carrés

     

    ...

    Il a marqué certains mots.

    Il a cru certains mots.

    Il a créé certains mots.

    Nous ne les oublierons pas.

    Ne pas oublier est la manière

    de continuer à marquer à jamais

    les mots et le monde.

     

    (à Federico García Lorca)

     

    Roberto JUARROZ, Dixième poésie verticale, Trad. F.M.Durazzo, Corti, 2012

     

     

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  • Roberto JUARROZ et les GESTES ABSURDES

    reflet,gris,miroir,

     

    Les gestes absurdes,

    les discours absurdes,

    ceux qui déforment le visage dans le miroir

    ou le miroir devant le visage,

    ne résolvent pas le monde,

    mais ils consolent parfois

    de l'ennui nauséeux

    de ce grand non-sens

     

    Les gestes absurdes,

    les discours absurdes,

    sont justement le sens

    là où il n'existe pas.

     

    Une grimace devant le miroir,

    une distorsion dans le langage

    ou un rictus au fond de dieu ou de l'homme

    redresse au moins la tige

    qui souvent soutient une fleur

    dont le soleil ne se souvient pas.

     

    Roberto JUARROZ, Dixième poésie verticale, Trad. F.M.Durazzo, Corti, 2012

     

     

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  • La PRIÈRE selon Roberto JUARROZ

    fissure,céramique,

     

    Fissures intérieures,

    fentes par où filtre goutte à goutte

    le liquide épais et oppressant

    de cette profonde invasion

    que nous appelons prière.

    ...

     

    Roberto JUARROZ, Dixième poésie verticale, Trad. F.M.Durazzo, Corti, 2012

     

     

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  • La LEÇON de Roberto JUARROZ

    nénuphar,

    La vie prend sa leçon

    du mouvement de ce qui ne vit pas :

    des constances de l'eau,

    des décisions du vent,

    des rythmes muets d'une pierre.

     

    La vie prend sa leçon

    des mouvements plus assurés qu'elle.

     

    Roberto JUARROZ, Poésie verticale, Trad. R. Munier, Points Poésie Fayard, 1989.

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  • Roberto JUARROZ et le FRUIT ÉTRANGE

    Fruit à deux moitiés,

    l'une croissant dans l'amer,

    l'autre dans le doux.

    Fruit peut-être de plus de deux moitiés,

    dont la maturité semble être au-dehors,

    dans une bouche sans goût

    ou dans une rencontre avec la sève en bas,

    avant que le tronc ne l'achemine.

    Fruit qui ignore son arbre,

    peut-être parce qu'il n'est pas d'arbre

    pour un si difficile fruit.

    La tombola de l'air

    le réussit à la cinquième saison,

    celle qui règne sous les températures.

     

    Roberto JUARROZ, Poésie verticale, Trad. R. Munier, Points Poésie Fayard, 1989.

     

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