Un arbre est la forêt.
S'étendre sous son feuillage,
c'est écouter tout le son,
connaître tous les vents
de l'hiver et de l'été,
recevoir toute l'ombre du monde.
S'arrêter sous ses branches sans feuille,
c'est réciter toutes les prières possibles,
faire taire tous les silences,
avoir pitié de tous les oiseaux.
Rester debout à côté de son tronc,
c'est élever toute la méditation,
réunir tout le détachement,
deviner la chaleur de tous les nids,
rassembler la solidité de tous les doutes.
Un arbre est la forêt.
Mais pour cela il faut
qu'un homme soit tous les hommes.
Ou aucun.
Roberto JUARROZ, Dixième poésie verticale, Trad. F.M.Durazzo, Corti, 2012