Les gestes absurdes,
les discours absurdes,
ceux qui déforment le visage dans le miroir
ou le miroir devant le visage,
ne résolvent pas le monde,
mais ils consolent parfois
de l'ennui nauséeux
de ce grand non-sens
Les gestes absurdes,
les discours absurdes,
sont justement le sens
là où il n'existe pas.
Une grimace devant le miroir,
une distorsion dans le langage
ou un rictus au fond de dieu ou de l'homme
redresse au moins la tige
qui souvent soutient une fleur
dont le soleil ne se souvient pas.
Roberto JUARROZ, Dixième poésie verticale, Trad. F.M.Durazzo, Corti, 2012