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Poésie - Page 90

  • PASSE et PASSE-PASSE

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    La revue La Passe publie un Hors-Série jeunesse intitulé Passe-passe, où l'on retrouve, outre Jacqueline PERSINI-PANORIAS, Jean-Claude TOUZEIL et mon petit moi-même, des textes intéressants d'Apis SAADA :

    Femme tatouée n'osait plus bouger de peur que ne lui tombent plus sur le visage des étoiles perdues parmi l'immensité des ciels. Craquelée de partout, dans le lit d'une rivière elle glissa, où des arabesques de vers lui contèrent la tourmente des vies.


    La Passe est animée par Philippe BLONDEAU, et Tristan FÉLIX que l'on peut
    entendre ici déclarer que les gens sont tristes parce qu'ils ne donnent pas assez à manger aux oiseaux de leur volière.


     

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  • Valérie ROUZEAU : et MERLE !


    Pendant encore quelques jours, on peut entendre ici la voix de Valérie ROUZEAU évoquer entre autres le mot "coeur"...


    Le moqueur est un merle du temps des cerises

    et le mot "coeur" un gros muscle gymnaste

    dans toutes les langues

    mes amis poètes me disent attention au mot "coeur"

    car il ne passe pas partout comme rossignol

    .

    .

    .

     

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  • BERNADOU : les PLUMES des HOMMES


    Lu dans Décharge n° 144 un dossier sur Pierre-Marie BERNADOU où il est beaucoup question de mer et d'îles...


    Mouettes : le rire des rochers.

    Vivre à leurs nids, oiseaux sauvés de nos nausées noires. Et rire enfin, rire comme jamais. De l'hargneuse volonté des vagues et du prétentieux orgueil des falaises. Rire des hommes surtout, de leurs pauvres yeux qui ne vont pas assez haut, des plumes qu'ils se donnent le temps d'un amour.

    Des plumes qu'ils nous volent. Le temps d'un poème.


    Pierre-Marie BERNADOU, Littorales, Texture, 1987.


     

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  • BÉRIMONT... NEIGEUX

     

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    La très chic revue 303, soutenue par la région Pays de la Loire, publie un colossal numero intitulé "Cadou, Bérimont et les poëtes de l'école de Rochefort" (avec un tréma très chic itou).

     

    Retenons, entre autres bijoux, ce tapuscrit* de saison conservé au Musée des Beaux-Arts d'Orléans :

     

    L'hiver

    Le juste froid

    Levant Décembre en son droit fil

     

    on entend dire de fagots

    De saulées

    De rhums, de cannelles

     

    on entend siffler dans le bleu

    (celui-là des onglées)

    ou, mieux, des solitudes)

     

    c'est assez d'avoir un état

    D'avoir un chien

    D'avoir une auge

     

    La neige occupe les confins

    Son glaive en travers de la vitre

     

    Luc BÉRIMONT, 1980.

     

    *à qui les choix surprenants sur l'emplacement des majuscules donne un mystérieux tour d'impromptu.

     

     

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  • Emmanuel BERLAND : PAGE DÉSERTIQUE


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    Arcane


    Toute page est un désert

    que j'ai de quoi traverser sans le détruire tant

    la besace est chargée de pluie et de vieux sable


    L'alphabet se plie sans crainte

    du neuf qui cogne aux portes

    comme avec un os


    Les feuilles tendent le dos docilement,

    aux pénétrations, aux couleurs runiques


    Tous les vieux compagnons

    qui ont perdu pied,

    pleurs et racines

    au moins par ce stratagème qu'est la poésie

    retraversent le miroir des signes

    et viennent fleurir à la lumière de ta bibliothèque


    Emmanuel BERLAND, Écorce visionnaire, Donner à Voir, 2009.


     

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  • Embrassades


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    Puisque les vents de ce blog iront mollissant en 2010, autant occuper un peu le terrain avec une page à caractère promotionnel :



    L'écolier distrait

    toujours le même

    traité d'étourneau

    Son attention papillonne

    sur le dictionnaire aux images colorées


    Le temps glisse sur nos joues

    aux embrassades du Nouvel-An





    Qu'en 2010 les lettres papillonnent au point d'étourdir toujours plus les esprits !




     

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  • Emmanuel BERLAND : VISION du POÈME


    Le poème est l'écorce du monde sensible, réinventé... De page en page, il nous nourrit, poètes et lecteurs, d'images, de sensations, de visions réalisées à l'instant qu'elles s'énoncent. Il faut donc accepter que le sens surgisse, neuf, - ou patiente -, au gré d'assemblages syllabiques qui pourraient sembler téméraires ou énigmatiques à première et courte vue. Il faut offrir aux pages de ce petit livre notre instant de lecture volé au chaos, en plongeant, à l'instar du poète, au fond du puits météorique, d'où toutes choses renaissent transformées en chances.

    Emmanuel BERLAND, 4ème de couverture de son recueil Écorce visionnaire, Donner à Voir, 2009.



     

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  • Jean-François FRANCHET : PROXIMITÉ de l'ÉTÉ


    Maintenant que nous entreprenons la grande descente du bon côté du solstice d'hiver, plus rien ne peut nous empêcher de rêver du coquelicot:



    Le don d'Icare



    Le coquelicot météore

    baiser chiffon aux blés transis

    quand un vent chorégraphe appelle

    écume danseuse

    leur nudité de cuivre pâle


    coquelicot retenue sage

    fripe à merci des mains

    qui n'osent que paume ouverte

    à la blondeur de ton été


    coquelicot fléchi

    allégeance de soie

    souffle affamé au cou des blés

    chaude semonce


    des yeux rieurs

    graves de leur désir d'envol

    laissent ainsi

    comme un don rouge de l'oiseau

    monter au plain de leur silence

    leur chat muet

    pour la folie des blés qui dansent

    dans le vent fou d'avant la nuit.


    Jean-François FRANCHET, Proximité de l'oiseau, Donner à voir, 2009.



     

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