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Poésie - Page 87

  • Aharon SHABTAÏ : 90 KILOS de PRIÈRE



    Le livre de prière

    Pendant des années j'ai voulu écrire un livre de prière

    Pourquoi ?

    Parce que j'ai appris que le plus solide ne tient à rien

    Parce que j'ai compris que les phrases sont des pétitions

    Et parce que j'ai compris que tout ce que j'ai dit

    Et dans tout ce ce que j'ai dit je ne dis que merci

    C'est ainsi que petit à petit j'ai écrit ce livre

    Aujourd'hui il pèse quatre-vingt-dix kilos

    Bientôt il aura cinquante ans

    Et hier je lui ai acheté des chaussures

    Aharon SHABTAÏ, Action Poétique n° 183, mars 2006, Trad. L.Giraudon, H.Deluy et l'auteur.


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  • Daniel BOULANGER ÉTEINT le PAPIER BLANC


    En écho à cette précédente note...


    retouche à l'inspiration

    sur la table où le papier blanc s'éteint

    ma main rafle la lumière comme une mouche


    Daniel BOULANGER, L'Esplanade, Grasset 2010.


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  • Daniel BOULANGER : GROSSE FATIGUE


    La canicule vous écrase ? Peut-être ressentez-vous ceci :


    retouche à la fatigue


    âme-savane au tremblement d'insecte

    l'avant-sommeil au bâillement de fauve

    s'étire et sent bondir la nuit


    Daniel BOULANGER, L'Esplanade, Grasset 2010.


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  • SAINT-POL-ROUX sous les DĖCOMBRES


    ... et voici l'univers sensible : bénigne aumône de l'apocalypse latente.

    Une note en bas de page précise :

    L'Univers est une catastrophe tranquille ; le poète démèle, cherche ce qui respire à peine sous les décombres et le ramène à la surface de la vie.

    SAINT-POL-ROUX, Liminaire des Reposoirs de la procession, NRF Poésie Gallimard, 1997.


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  • Daniel BOULANGER : la NOTE BLEUE

     

    On trouve dans le lexique rugbystique cette expression fleurie pour signifier que la défaite est consommée : "la cabane est tombée sur le chien".

    Comme le lexique footballistique n'a quant à lui jamais été enrichi par de fins littérateurs, ni même par d'inspirés paysans, je me réfère à Daniel BOULANGER pour traduire la récente déroute des Bleus :

    retouche à l'éternité

    la rue ne mène à rien
    toute couleur s'en est allée
    devant une porte fermée
    reste l'ombre d'un chien

    Daniel BOULANGER, L'Esplanade, Grasset, 2010.

    BOULANGER a grosso modo trois fois l'âge de RIBERY, ce qui laisse un peu d'espoir aux séniors, quelle que soit la date de leur départ à la retraite.

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  • Daniel BOULANGER : SORTIR du PETRIN

     

    Fatigué d'attendre l'été ? Assommé par les rumeurs de la Coupe du Monde ? Daniel BOULANGER vous invite en vacances.

    Et si vous êtes réfractaire à la poésie, il a l'élégance de circonscrire son propos dans un vers unique :

     

    retouche aux vacances

    quelques heures en îles sur le temps

     

    in L'Esplanade, Grasset, 2010.

     

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  • Valérie ROUZEAU : il FAUT CHOISIR


     

    Valérie ROUZEAU, dans un style zazien, invente un poème-dialogue-objection à deux voix, où deux protagonistes se tâtent, entre poésie et mise en ménage :


    Accorde-nous une chance vivons au jour le jour notre histoire à la joie

    Le ménage la routine casseroles et serpillères balais torchons serviettes éponges plonges pile d'assiettes nous auront à l'usure

    Manège cocasse tournis tes baisers me transportent soucoupes fusées ovnis

    Tu n'y penses pas vraiment ?!

    Mais que si ! Songe à la poésie !

    Justement elle est cuite d'avance la poésie en faitouts en marmites cocottes et poêles à frires !



    Valérie ROUZEAU, Quand je me deux, Le temps qu'il fait 2009.


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  • REVERDY : QUELLE NATURE !


    La nuit est tombée. Pierre REVERDY se remet au travail :


    Mais la table et la lampe sont là qui m'attendent et tout le reste est mort de rage sous la porte.


    Poèmes en prose, 1915, Flammarion 2010.


    On pourra aussi entendre une évocation de REVERDY par son éditeur et préfacier dans l'émission Ça rime à quoi...

    ... ou pas, car France Culture a récemment pris le parti d'égarer les visiteurs de son site.


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