C'est grand dommage qu'il n'y ait plus aujourd'hui ni possédés, ni magiciens, ni astrologues, ni génies.
On ne peut concevoir de quelle ressource étaient, il y a cent ans, tous ces mystères. Toute la noblesse vivait alors dans ses châteaux. Les soirs d'hiver étaient longs ; on serait mort d'ennui sans ces nobles amusements.
VOLTAIRE, Dictionnaire philosophique, 1764.
Littérature - Page 15
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VOLTAIRE : PETITES PEURS entre NOBLES
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Martin LUTHER : DIABLE !
Les diables vaincus et humiliés deviennent des lutins et des farfadets, car il y a des diables dégénérés et j'incline à croire que les singes ne sont pas autre chose.
Je crois que le diable habite dans les perroquets et les perruches, les singes et les guenons, pour qu'ils puissent si bien contrefaire les humains !
Martin LUTHER, cité par Roland VILLENEUVE, Dictionnaire du diable, Omnibus, 1998.
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ÉVEQUES, ÉVENTAILS et LITTÉRATURE
Même celles qui sont à genoux sur les dalles s'éventent du même mouvement bref et gracieux. Elles ne s'arrêtent que pour s'agenouiller ou se rasseoir selon le rituel de l'office; les pauses liturgiques sont marquées par le bruit des éventails qui s'ouvrent ou se referment.
Albert T'SERSTEVENS, L'itinéraire espagnol, Arthaud, 1963.
Détail d'un tableau du château de Carrouges
"Crosse d'or, évêque de bois ?" Il censurait ainsi, mal à propos, la magnificence avec laquelle monseigneur Charlot se plaît à célébrer les offices.
Anatole FRANCE, L'orme du mail, 1897.
Idem
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C'EST CITÉ de Gabriel GARCÍA MÁRQUEZ
On l'avait installé là en pensant peut-être que c'était la place d'honneur, et les invités le bousculaient, le confondaient avec quelqu'un d'autre, le déplaçaient à droite, à gauche, pour ne pas qu'il gêne, et lui, remuait sa tête neigeuse de tous côtés avec cette expression errrante des aveugles de fraîche date, répondant à des questions qui ne lui étaient pas destinées ou à de brefs saluts qu'on ne lui adressait pas, heureux dans son enclos d'oubli, avec sa chemise comme cartonnée par l'amidon et la canne de gaïac qu'on lui avait achetée pour l'occasion.
Gabriel GARCÍA MÁRQUEZ, Chronique d'une mort annoncée, Grasset, 1981, trad. Claude Couffon.
Moule d'une empreinte de taupe, photographié par un appareil
devenu myope (et avec quel à propos !). -
Alain CORBIN : l'ARBRE CHAMPȆTRE
L'arbre champêtre se dresse au cœur d'un terroir limité, sans cesse parcouru. Il ordonne, sans véritablement appartenir à une haie, la découpe des espaces où se déploient les activités agricoles et pastorales. Il décore les moulins. Il met en valeur les églises. Il se fait compagnon de l'homme au bord des chemins, des mares et des étangs. Il se marie naturellement avec le ciel et l'eau. Il encadre le travail et le repos. Il unit l'animalité et la végétation. En bref, il restitue la traditions des Géorgiques.
Alain CORBIN, La douceur de l'ombre - L'arbre, source d'émotions, de l'Antiquité à nos jours, Flammarion Champs Histoire, 2014.
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Pascal QUIGNARD contre le SOCIAL
Il faut engager une lutte - à fonds perdu - contre le social. Mais ne surtout pas l'engager un contre tous. Ne surtout pas l'engager comme un bouc émissaire qui en assurerait l'unanimité en amoncelant les pierres dans les mains tendues de tous ceux qui le visent. Il ne s'agit pas d'engager une lutte inégale pour y périr. Il faut engager une vie secrète où survivre.
Pascal QUIGNARD, Les désarçonnés, Grasset et Fasquelle 2012.
Le Lakmi à Bergheim.
Ce personnage, figuré sur la porte de cette ville du Haut-Rhin, montre à ses poursuivants ses bas-reins,
pour illustrer le droit d'asile qu'offrait la cité autrefois. -
COMPRENDRE selon Jorge Luis BORGES
J'ai vu une Roue très haute qui n'était pas devant mes yeux, ni derrière moi ni à mes côtés, mais partout à la fois. Cette Roue était faite d'eau et aussi de feu et elle était, bien qu'on en distinguât le bord, infinie. Entremêlées, la constituaient toutes les choses qui seront, qui sont et qui furent. J'étais un fil dans cette trame totale, et Pedro de Alvarado, qui me tortura, en était un autre. Là résidaient les causes et les effets et il me suffisait de voir la Roue pour tout comprendre, sans fin. Ô joie de comprendre, plus grande que celle d'imaginer ou de sentir ! Je vis l'univers et je vis les desseins intimes de l'univers.
Jorge Luis BORGES, L'aleph, Trad. Roger Caillois, Gallimard, 1967.
Le problème, en ces jours de rentrée, sera de ne pas se laisser écraser par la pire de toutes : la roue tine.
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La CHASSE selon Pascal QUIGNARD
Porteur de sa chasse, l'humain est porteur de son "expérience" : il porte le récit linguistique qu'il ne cesse de faire de sa mise en péril dans la mort.
Tel est le sens secret du mot ex-périence : celui qui sort du périr.
Pascal QUIGNARD, Les désarçonnés, Grasset & Fasquelle, 2012.