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Littérature - Page 12

  • Michel LEIRIS et l'INSPIRATION

    profil,nez,inspiration,

    Contrairement à ce que j'ai toujours pensé, je m'aperçois qu'attendre d'être inspiré pour écrire, cela veut dire qu'on est un pur esthète. Dans ce cas en effet, l'inspiration n'est qu'un moyen, et c'est l'écriture qui est la fin. Ce qu'il faut au contraire, c'est écrire pour être inspiré. Si l'acte d'écrire n'inspire pas, s'il ne met pas dans cet état particulier qu'on évoque sommairement à l'aide du mot inspiration, qu'est-ce donc que l'acte d'écrire, sinon ce que j'ai toujours traité dédaigneusement du nom de littéraire ? Une pure besogne de confection plus ou moins bien réussie, selon qu'on aura été bien inspiré ou non.

     

    Michel LEIRIS, Journal, Gallimard.

     

     

     

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  • L'INTERPRÉTATION selon Marc-Alain OUAKNIN

    livres,

     

    Par la lecture et l'interprétation, le "devenir-texte" est tout autant un "devenir-homme". L'interprétation ne vient pas répéter le sens, mais le mettre en mouvement. Évitant toute emprise radicale, la main ne se referme pas sur le livre pour en faire un manuel. Le temps de la lecture-interprétation n'est jamais le main-tenant mortifère qui annulerait le devenir. Le rapport au livre ne peut être une "textolâtrie".

     

    Marc-Alain OUAKNIN, Invitation au Talmud, Champs Essais, 2008.

     

     

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  • Valère NOVARINA et le PRINTEMPS

    neige,bouton,printemps,

     

    Printemps se dit ici en patois "sallifeu" : ça saille, saute, sort dehors : "feu" vient de foris... Le printemps dans les Alpes n'est pas un temps de renouveau aimable, de fraîcheur, c'est un temps de violence, pulsif ; il sort de la neige comme le printemps russe : c'est une percée, un débordement soudain, une invasion... Je recherche la forme germinative de la langue, son pouvoir de passer la mort.

     

    Valère NOVARINA, Devant la parole, POL, 1999

     

     

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  • Valère NOVARINA et le E MUET

    poissons,muet,

     

    Le e muet est notre aleph, le souffle atone en qui repose tout le mystère de notre langue, son mouvement, son élasticité. Le e muet, c'est le ressort invisible du français : un point d'énergie qui se comprime ou s'étend - selon l'émotion - et donne à notre langue sa force propulsive. S'il y a une âme au fond de la langue française, c'est le e muet.

     

    Valère NOVARINA, Devant la parole, POL, 1999

     

     

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  • Arthur RIMBAUD se FAIT des CHEVEUX

    poney,

     

    ...

    Quand on est engagé dans les affaires de ces satanés pays, on n'en sort plus. Je me porte bien, mais il me blanchit un cheveu par minute, et depuis le temps que ça dure, je crains d'avoir une tête comme une houppe poudrée.
    C'est désolant, cette trahison du cuir chevelu, mais qu'y faire ?

    ...

     

    Arthur RIMBAUD, lettre du 21 avril 1890 à sa mère

     

     

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  • Régis DEBRAY et l'HISTOIRE

    statue,buste,

     

    L'Histoire - je dis l'Histoire avec un grand H - c'est quand le politique est chevauché par le poétique. Quand elle est transfigurée en dactyles et spondées par un certain Homère, une rixe inter-cités dans un coin perdu, ça donne la Guerre de Troie. Un chef d'Etat chevauché par les lettres, ça donne Charles De Gaulle. Un chef d'Etat chevauché par les chiffres, ça donne François Hollande. Quand le poète s'éclipse, remplacé par l'INSEE et l'IFOP, le contrôleur de gestion pique la casquette du capitaine, et les chiffres ne s'en portent pas mieux.

     

    Régis DEBRAY, Allons aux faits, Croyances historiques (1/5) : L’histoire des héros et son efficace, 2016.

     

     

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  • Roger MUNIER : SENS du POÈME

    col,cravate,

     

    Le sens du poème n'est pas dans ce qu'il contient, mais dans le mouvement qui le porte à dire ce qu'il contient et prend la forme de ce qu'il contient.

     

    Roger MUNIER, La chose et le nom, Fata Morgana, 2001.

     

     

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  • Roger MUNIER : BELLE RUINE

    carrelage,

     

    Tout ce qui est achevé n'a pas son mérite d'être achevé, mais d'être promis à une belle ruine, comme achevé.

     

    Roger MUNIER, La chose et le nom, Fata Morgana, 2001.

     

     

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