Chaque variété de plante a un nom, mais pas chaque mouvement de main.
Yoko TAWADA, La Nouvelle Revue Française, mars 2012.
Littérature - Page 19
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Yoko TAWADA a la MAIN
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QUE du FEU
- ... il existe l'histoire d'un marchand demandant à se faire payer le prix de la fumée de l'anguille à celui qui a mangé du riz avec l'odeur. Il est finalement payé par le bruit des pièces de monnaie que l'on fait tinter.
- Ah ! C'est exactement ce que l'on trouve dans le chapitre XXXVII du Tiers Livre !
- Sauf que chez Rabelais, c'est la fumée du rôti avec du pain.
- Quelle ressemblance !
Anna OGINO, Un bavardage sur le silence, La Nouvelle Revue Française, mars 2012.
Les fumeurs pourraient aussi ne payer leurs cigarettes qu'une fois honorée la promesse figurant sur le paquet.
Fût-ce en russe.
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NORMANDIE à REVOIR
Naguère, déjà, ces deux départements étaient déshérités :
Un officier mutilé, la manche vide et relevée dans la boutonnièreGeorge SAND, Histoire de ma vie, 1855
On trouvait le père et la mère en travers des portes, assommés par le calvados, la terrible eau-de-vie normande ; tandis que la petite les enjambait, pour égoutter leurs verres.
Émile ZOLA, La Joie de vivre, 1884
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Marcel HAVRENNE et l'HIVER
Il suffit d'un patineur enchanté par l'hiver pour que s'inscrive en un instant sur la glace éphémère le signe de l'infini.
Marcel HAVRENNE, Revue Europe n° 912, "Les surréalistes belges", avril 2005. -
Geneviève BRISAC et le CYGNE
Cygne. Ce mot monosyllabique ressemble à l'objet qu'il désigne. Onomatopéique, il glisse sur son orbe, les courbes du y et du g sont le reflet de son cou, qui est tout.
Geneviève BRISAC, Revue Europe n° 1000, 2012.
Cygne, surpris sans son reflet.
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Le MOT selon Valère NOVARINA
Se rappeler sans cesse que chaque mot, sitôt qu'il se retrouve simplement là par habitude, se solidifie, s'épaissit, devient sournoisement et très vite une idole de pierre : à défaire.
Valère NOVARINA, Revue Europe n° 1000, 2012.
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Gérard MACÉ : le LATIN RETROUVÉ
Pour que l'aqua devienne de l'eau, il a fallu que l'érosion de la consonne, l'usure des voyelles transforment un rocher en sable fin.
Gérard MACÉ, revue Europe N° 1000.
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DEPARDIEU : en FAIRE des MONTAGNES
Elle avait (...) cette voix chaleureuse des femmes russes qui semble monter du plus profond de leur chair intime.
Blaise CENDRARS, Bourlinguer, 1948.
...les cheveux poudrés, l'air d'une vieille guenon hystérique, poudrée, je ne sais quoi d'une Russe de boutique.
Jules et Edmond de GONCOURT, Journal, 1865.
Contre toute attente, le russe blanc est celui de gauche
(sur la photo).