Il suffit d'un patineur enchanté par l'hiver pour que s'inscrive en un instant sur la glace éphémère le signe de l'infini.
Marcel HAVRENNE, Revue Europe n° 912, "Les surréalistes belges", avril 2005.
Littérature - Page 20
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Marcel HAVRENNE et l'HIVER
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Geneviève BRISAC et le CYGNE
Cygne. Ce mot monosyllabique ressemble à l'objet qu'il désigne. Onomatopéique, il glisse sur son orbe, les courbes du y et du g sont le reflet de son cou, qui est tout.
Geneviève BRISAC, Revue Europe n° 1000, 2012.
Cygne, surpris sans son reflet.
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Le MOT selon Valère NOVARINA
Se rappeler sans cesse que chaque mot, sitôt qu'il se retrouve simplement là par habitude, se solidifie, s'épaissit, devient sournoisement et très vite une idole de pierre : à défaire.
Valère NOVARINA, Revue Europe n° 1000, 2012.
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Gérard MACÉ : le LATIN RETROUVÉ
Pour que l'aqua devienne de l'eau, il a fallu que l'érosion de la consonne, l'usure des voyelles transforment un rocher en sable fin.
Gérard MACÉ, revue Europe N° 1000.
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DEPARDIEU : en FAIRE des MONTAGNES
Elle avait (...) cette voix chaleureuse des femmes russes qui semble monter du plus profond de leur chair intime.
Blaise CENDRARS, Bourlinguer, 1948.
...les cheveux poudrés, l'air d'une vieille guenon hystérique, poudrée, je ne sais quoi d'une Russe de boutique.
Jules et Edmond de GONCOURT, Journal, 1865.
Contre toute attente, le russe blanc est celui de gauche
(sur la photo). -
De SAINT AMBROISE à SODOME
Ambroise, Saint du jour, tient son nom du grec "ambrotos" signifiant "éternel". C'est un peu exagéré puisqu'on le connaît plus sérieusement sous le nom d'Ambroise de Milan.
Et Milan n'est pas l'éternité.Marcel PROUST avait su saisir cette nuance :
je ne demandais rien de plus à Dieu, s'il existe un paradis, que d'y pouvoir frapper contre cette cloison les trois petits coups que ma grand'mère reconnaîtrait entre mille, (...) et qu'il me laissât rester avec elle toute l'éternité, qui ne serait pas trop longue pour nous deux.
Marcel PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922.
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Christian BOBIN : l'ALPHABET EST dans le PRÉ
Il y a dans la nature les fragments d'un alphabet ancien, des morceaux de lettres capitales, des ruisselets d'italiques, de grands espacements bleus de silence. Et parfois, par on ne sait quelle grâce, plusieurs lettres s'assemblent, des mots apparaissent avec ce qu'il faut entre eux de silence respirant - une phrase est tracée. Vous la voyez, vous la lisez, elle ne reste pas en place, elle s'efface très vite. Le cheval brun, sa tête plongée dans l'or et les herbes dociles, composait une phrase infiniment rassurante sur la vie.
Christian BOBIN, L'homme-joie, L'iconoclaste, 2012.
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Robert DESNOS, C'EST le GOÛT
Le goût est l'un ses cinq sens. Mais à vrai dire ceux qui prétendent en avoir sont fort peu sensuels. Le goût c'est le poncif. Il faut, pour créer, commencer par n'avoir pas de goût.
[...]
il y a un bon et un mauvais goût. Mais c'est là une classification pour gens du monde. Pour moi il ne saurait y avoir que le "déjà goûté" et le "pas encore goûté".
Robert DESNOS, Écrits sur les peintres, Champs arts, 1984.