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Sur du vent - Page 48

  • ORAISON

    tissu,bleu,nuit,

     

    Longs tissus de la seule Afrique d'un bleu nuit d'équinoxe, les dos de ces hommes grands semblent s'affairer magiquement sur ma personne
    en dehors pourtant du faisceau de leur oraison, sur le centre de mon corps mais c'est l'esprit qu'ils visent
    leurs toques ornées de figures exactes, ils s'efforcent de me soigner par le murmure de leurs marteaux pour aplanir l'encre
    qui m'écrit dans un fleuve si lointain qu'il se dit noir en latin, avec des cingles qui tournent au gothique
    dont le cours est encombré du mensonge des magazines avec tous les oripeaux des demeures passées
    Ils fouetteront mon sang, indifférent au son de la flûte, des seules ondulations de leurs épaules,  d'un mouvement de sourcil épicé

     

     

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  • La RENCONTRE selon Gérard CHALIAND

    fleuve,eaux,sombres,

     

    ...

    Non loin de Manaus,

    le Rio Negro se jette dans l'Amazone,

    masse noire submergeant les eaux du grand fleuve.

    Un choc, plus qu'un partage,

    une ruée passionnelle lancée comme une charge

    sans passé, sans projet, sinon l'étreinte.

     

    Mes eaux sombres dans ton corps lisse,

    coulée violente qui s'incruste, marque la chair.

    L'emporter ou disparaître.

    Noces sauvages où se mêlent le tien et le mien

    dans l'ardeur de ce qui ne peut durer.

    Élan fait pour se dissoudre, mais dont l'écho perdure.

    Longtemps après, le souffle reprend son cours,

    fleuve solitaire à nouveau.

     

    Ainsi de certaines rencontres rares.

     

    Gérard CHALIAND, Cavalier seul, Éditions de l'aube, 2014

     

     

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  • NOIR

    rempart,pierre,meurtrière,

     

    Et l'on dit ce pays noir, de l'ombre du nombre de ses noyers qui aurait triomphé d'une pierre de lumière
    on y a mangé son poing, avant le goût des boyaux par où descendre grottes et rivières jusqu'aux foies des oies
    avant que le paysan n'émigre aux contrées étrangères aux vies de château, à portée d'arbalète mais si fugaces
    Un barrage plane en milan, prémédite l'homicide par trop-plein et noyade sous le bras d'une amazone
    meurtrière à couper le souffle puis le rendre au centuple pour offrir les alvéoles nécessaires au malheureux médusé
    et tout le bourdonnement de la vie à s'écouler de ce sein démesuré taillé dans le bois d'un renne

     

     

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  • Claude ESTEBAN en ÉTÉ

    jaune,bleu,été,céramique,

     

    Dans le dedans de l'été, il y a comme un noyau nocturne qui résiste. Un bloc de froid. Vous l'ignorez, vous qui passez trop vite. Vous vivez alentour. Vos yeux s'attachent aux reliefs dociles. Le soleil vous aveuglera. Il déjouera vos plans, vos promesses. Vous pourrirez contre la paille, avec vos fruits. Vous retournerez à la terre qui vous répugne. Vous serez ce morceau de gel qui dure dans un trou.

     

    Claude ESTEBAN, Le jour à peine écrit (1967 - 1992), Gallimard, 2006

     

     

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  • CLAVECIN

    IMG_2163.jpg

     

    clavecin

    petites épines

    en pattes d'insectes

     

    grincements

     

    irritation

     

     

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  • VIVRE selon Erri DE LUCA

    fleur,bouton,pollen,

     

    Vis en aventureux comme font les saints, les cigognes,

    vis en desséché comme fait l'herbe en cas de sécheresse,

    elle se blottit sous terre pour renaître sous l'averse.

    Vis en pollen gaspillé un million de fois

    sur les trottoirs, les cailloux et une seule par hasard dans l'ovaire.

    ....

     

    Erri DE LUCA, Aller simple, Gallimard, 2012, trad. D.Valin

     

     

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  • SABLE

    dépression,sable,spirale,

     

    La dépression inscrit sa courbe molle, comme au marqueur sur une image satellite où le monde semble flottant

    d'autres vies dessinant en parallèle leurs trajectoires de moutons ou de loup, entre pentes douces et ravins déshérités

    Le nez dans le sable, l'avion s'est privé du patchwork de l'en-bas, tellement proche des étoffes des anges,

    des ailleurs à l'herbe verte, quand le désert avance un pion à chaque éclair qui lézarde les possibles

    et fait déchanter la terre faute d'une eau qui baptise de ses méandres le temps pressé des mages

    Pour fuir cet équateur perpétuel, il faudra des talons pousser vers un solstice d'hiver en forme de puits

     

     

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  • ÊTRE avec Gérard CHALIAND

    cercles,chaîne,

     

    Tu es avec moi dans les forêts de Guinée

    Tu es avec moi dans le delta du Fleuve Rouge

    Nous avons joué à saute-mouton sur les Andes

    Il n'est pas de pays où nous n'ayons rêvé ensemble

    dans la migration qui nous porte vers la même chute

    Ici s'arrête notre histoire

    Aucun enfant ne viendra au miroir,

    Moi, j'ai la force d'aller jusqu'au bout

    Pas de recommencer.

     

    Gérard CHALIAND, Feu nomade, Chambelland, 1972

     

     

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