J'ai refermé, sans le finir, mon livre. Qu'importent les mots clairs ? Toutes les phrases lues parlaient d'un soleil immobile. Je n'ai pas vu l'ombre s'accroître sur le mur.
Claude ESTEBAN, Le jour à peine écrit (1967 - 1992), Gallimard, 2006
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J'ai refermé, sans le finir, mon livre. Qu'importent les mots clairs ? Toutes les phrases lues parlaient d'un soleil immobile. Je n'ai pas vu l'ombre s'accroître sur le mur.
Claude ESTEBAN, Le jour à peine écrit (1967 - 1992), Gallimard, 2006
Demain n'est plus. C'est hier qui triomphe au pied des immortelles. Tout reprendre à rebours. Sans hâte, avec les mots. Danse, bel écureuil du temps, sur notre histoire. Saute d'un siècle à l'autre. Hop, l'infini ! Les vieux calculs griffonnés sur l'ardoise, comme ils s'effacent dans le cɶur d'un homme soudain nu.
Claude ESTEBAN, Le jour à peine écrit (1967 - 1992), Gallimard, 2006
Illusion des vieilles barbes
devant le bouclier d'une riche étoffe
la pointe en torche embrasée
sous les longs couteaux du regard
en carré floconneux
contre une poigne affligée
par tant d'exil et de génie
Ce Freud-là
ce Hugo-là
ne sont que faux témoins
Croient-ils à leur leçon
leur légende ?
Dans leurs pupilles
des lunes mentent
à la postérité
L'ancêtre
Après une vie fragile, préoccupée,
Je repose dans le paisible enclos des plantes.
Je prends enfin des vacances parmi les grandes plantes
Et parmi la terre qui ne bouge jamais.
Les lierres, les orties, qui poussent spontanément,
Sont mes complices.
Ils me parlent de l'air que j'ai tant respiré
Comme une chose à moi.
Dans rien je ne suis plus pour rien ;
Je vis de pensées sans origines,
Sans avenir, sans souvenir.
Je suis de nouveau compagnon de la force du limon.
Moi qui me suis dressé sur les choses terrestres,
Seigneur et maître,
Elles s'étendent maintenant sur moi.
Armand ROBIN, Le cycle du pays natal, La part commune, 2000
Qu'elle bouge enfin, cette
branche,
qu'il y ait du vent, du bruit,
ailleurs, partout
hors de la chambre.
Claude ESTEBAN, Étranger devant la porte I Variations, Léo Scheer, 2001
lumière
de la feuille
au bout des racines
journées
au fond des rêves
Minéral endormi, écoute
mieux,
tout le bruit
de la mer
tremble dans tes coquilles.
Claude ESTEBAN, Étranger devant la porte I Variations, Léo Scheer, 2001
écrin doré
pour l'écrin
des mains
pour le trésor
d'un baiser