révolution
numérique
le chant
des lendemains
par la fibre
virtuel
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révolution
numérique
le chant
des lendemains
par la fibre
virtuel
Exposition Jeux de balles, jeux de ballons, Musée de Tessé, Le Mans
Diminuendo
À toi, je me plais à penser, à toi, je me plais à penser, à toi, je me plais à penser par cercles de plus en plus éloignés - les diminuendo que j'entends, simulant la distance. Et nous devenons minuscules parce que nous sommes loin l'un de l'autre, et nous devenons minuscules parce que nous sommes loin l'un de l'autre, et nous devenons minuscules parce que nous sommes loin l'un de l'autre, si loin que nous pourrions poser l'index l'un sur l'autre pour nous faire disparaître - ensemble.
Pascale PETIT, L'audace, Nous, 2020
Paris a déversé toute la liberté de ses piétons, qui illumine ses murs et fait de ses silences un long sourire
un fleuve qui passe l'esprit libre et sans souci, multitude de grains de sable clémente aux engrenages
D'autres encore sont en réserve sous l'asphalte, dans la roue des couloirs où s'affichent de grands espaces à grignoter
Il y avait autrefois sous les lacérations des galas de catch, des cours de modern jazz et des ventes par adjudication
et ces tours d'oreille négligés, ces carrosseries alignées au devant des pissotières, faisaient une glorieuse époque
qu'écrasent depuis de leurs pattes trente éléphants trébuchants le front orné de croissants
pour que César rende enfin son tablier, les armes et jusqu'à son souffle, vicié par l'héritage des rats
Un pétale qui tombe
et la douceur du mot
soleil
sont là sur cette table,
tout
a recommencé sans moi, sans
que je sache
où le sang a jailli, comme
s'il faisait jour
très loin, dans le dehors.
Claude ESTEBAN, Le jour à peine écrit, Gallimard, 2006
Ange déjà, un Fuji-Yama veillait sur ce repas et, la neige survenue, les baguettes frétillaient
comme une conversation hors de prise de l'hiver et toutes ses menaces de glace
C'est le propre de la neige de se masquer de miracle, malgré l'annonce faite au calendrier
alors que, froid, le repas invite à l'indigence et même au deuil
Funambule, chacun croit l'être, foulant l'insouciance de la neige
et la conversation peut dérouler son fil, sans redouter le blanc
d'une neige à saveur de cendre, qui tirerait vers la terre un repas abondant de zénith
Elle peut à la fois napper de ses courbes le fer des consonnes et dévêtir midi de son miracle
et maintenant, tout oxyde pelé, la chair de la pomme fait entendre la neige en ses couplets
la conversation devient le repas, comme on mangerait d'un arbre élevé au milieu du silence
fût unique et suffisant pour ce funambule les bras en cercle et aux semelles de neige
dans un halo de lumière bleue, d'outrepasser le sans couleur de murs sans distance
Ébène bénin
Dévoré par les marnes
dévoyé par les mornes
veilleur attentif sous les fougères arborescentes
il scrute encore sa mémoire évidée
où se love le serpent du soleil
les glaires de la ville s'épanchent à ses pieds
la soldatesque ivre
les paillotes consumées
il titube aveugle dans son sang
à nuit close
sous l'oxyde des voix
bat
l'éternel tambour de la lassitude
Jacques ABEILLE, Petites proses plus ou moins brisées, Arfuyen, 2015
mouche
sur mon bras
pas là
puis là
et plus là
entre chaque
rien
Et derrière la porte, il y avait
le rien ou plutôt
la matière du rien, une épaisseur
qui noyait tout et quand je franchissais
le seuil, c'était le rien qui
m'accueillait et j'aimais cette chute en moi
dans un indéfini
plus doux, plus vague où avoir mal
ne signifiait que d'être
là debout, près de la porte, sans savoir.
Claude ESTEBAN, Le jour à peine écrit, Gallimard, 2006