jachère
pour l'immédiat
du repos
fleurie
pour l'espérance
d'autres saisons
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jachère
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du repos
fleurie
pour l'espérance
d'autres saisons
Le miroir du matin s'ouvre pour mon coeur neuf
le corps saisi de charmes oublie ses meurtrissures
je me suis découvert toutes les folies
je me suis rêvé roi.
J'ai déchiré mes lèvres à des sources amères
je jaillis des faubourgs
forgé de barricades
ma voix est sans écho je retombe
souverain sans royaume gisant aux carrefours.
...
Gérard CHALIAND, La marche têtue, Gallimard, 1959
...
Que dira-t-on plus tard de ces instants ?
Sont-ils de ceux qui comptent ? De ceux qui ne comptent pas ?
Je n'ai guère avancé : je me demande encore
si l'on perd sa vie à la faire. J'en doute, mais la mémoire
qui tient pour rien ces heures répétées,
ne voit de vie qu'aux seuls moments
où le langage a fui.
...
Olivier BARBARANT, Un grand instant, Champ Vallon, 2019
le sel
des larmes
à la mer
toutes nostalgies
embrassées
sauve qui peut
J'ai refermé, sans le finir, mon livre. Qu'importent les mots clairs ? Toutes les phrases lues parlaient d'un soleil immobile. Je n'ai pas vu l'ombre s'accroître sur le mur.
Claude ESTEBAN, Le jour à peine écrit (1967 - 1992), Gallimard, 2006
Demain n'est plus. C'est hier qui triomphe au pied des immortelles. Tout reprendre à rebours. Sans hâte, avec les mots. Danse, bel écureuil du temps, sur notre histoire. Saute d'un siècle à l'autre. Hop, l'infini ! Les vieux calculs griffonnés sur l'ardoise, comme ils s'effacent dans le cɶur d'un homme soudain nu.
Claude ESTEBAN, Le jour à peine écrit (1967 - 1992), Gallimard, 2006
Illusion des vieilles barbes
devant le bouclier d'une riche étoffe
la pointe en torche embrasée
sous les longs couteaux du regard
en carré floconneux
contre une poigne affligée
par tant d'exil et de génie
Ce Freud-là
ce Hugo-là
ne sont que faux témoins
Croient-ils à leur leçon
leur légende ?
Dans leurs pupilles
des lunes mentent
à la postérité
L'ancêtre
Après une vie fragile, préoccupée,
Je repose dans le paisible enclos des plantes.
Je prends enfin des vacances parmi les grandes plantes
Et parmi la terre qui ne bouge jamais.
Les lierres, les orties, qui poussent spontanément,
Sont mes complices.
Ils me parlent de l'air que j'ai tant respiré
Comme une chose à moi.
Dans rien je ne suis plus pour rien ;
Je vis de pensées sans origines,
Sans avenir, sans souvenir.
Je suis de nouveau compagnon de la force du limon.
Moi qui me suis dressé sur les choses terrestres,
Seigneur et maître,
Elles s'étendent maintenant sur moi.
Armand ROBIN, Le cycle du pays natal, La part commune, 2000