
fugue
sentiers
battus
à force d'art
et faute de hasards
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

fugue
sentiers
battus
à force d'art
et faute de hasards

Mets-toi à la place des dieux et regarde-toi. Une seule fois en naissant échangé, corps sarclé où l'usure échoue, tu es plus invisible qu'eux. Et tu te répètes moins.
La terre a des mains, la lune n'en a pas. La terre est meurtrière, la lune désolée.
René CHAR, Le nu perdu, Gallimard, 1978

Ex 31
Insuffisants
le nom
les pensées et les œuvres
Il faut encore un souffleur
conformant tous objets
de tous bois
et tous vêtements
pour en tisser la confiance trop nue sinon
en sculpter le temps
retranchant un jour aux hommes
en échange d'une semaine
en échange d'une pierre
gravée d'un doigt unique

La brûlure du bruit. Louée soit la neige qui parvient à en éteindre la cuisson.
René CHAR, Le nu perdu, Gallimard, 1978

L'improvisation c'est se souvenir de la musique qu'on n'a pas encore inventée
Bernard LUBAT, Grands entretiens, France Musique, 2/5
La musique c'est se souvenir des couleurs que la nature n'a pas encore pu créer
Le rêve c'est se souvenir des loups qu'on n'a pas encore croisés
La peur c'est se souvenir de la douleur qu'on n'a pas eu l'occasion de mériter
La poésie c'est se souvenir d'une langue qu'on n'a jamais entendue

...
Quand nous cessons de nous gravir, notre passé est cette chose immonde ou cristalline qui n'a jamais eu lieu.
...
René CHAR, Le nu perdu, Gallimard, 1978

Moissons faites
l'été peut peser
comme un passé le vent s'est éteint
et pour emporter quoi ?
La terre a jauni
sa musique est immobile
ses effluves figés dans un rectangle bistre
C'est le temps des greniers
on y cultive la sécheresse
L'âme est sous couvercle
dans la vapeur des jours
où les désirs étouffent

Le corps
comme arraché de soi
le souffle
court
coupé, repris, ramassé
une fois encore
dans l'alvéole
rouge
je suis ce corps, je suis l'air
qui le traverse.
Claude ESTEBAN, Étranger devant la porte I Variations, Léo Scheer, 2001